La santé en période d'austérité : l'OMS au Forum européen de la santé Gastein

Prenant la parole la semaine dernière lors de la séance d'ouverture du 15^e Forum européen de la santé Gastein à Bad Hofgastein (Autriche), Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l'OMS pour l'Europe, a mis en exergue le rôle économique vital du secteur de la santé. Elle a expliqué que l'investissement dans la santé publique, la promotion de la santé et la prévention des maladies en période d'austérité est essentiel pour limiter l'augmentation des coûts encourus par les systèmes de santé en raison des maladies non transmissibles (notamment les maladies cardiovasculaires, le cancer, les méfaits de l'alcool, l'obésité et les traumatismes dus aux accidents de la route).

En effet, le traitement de ces maladies représente une part importante des dépenses du système de santé : dans l'Union européenne, le traitement des maladies cardiovasculaires coûte 169 milliards d'euros par an, soit 62 % des coûts des soins de santé. Le recours aux politiques fiscales, telles que la majoration des taxes sur l'alcool et le tabac, contribue à réduire la charge des maladies non transmissibles. Dans un contexte plus vaste, la lutte contre les causes profondes des problèmes de santé, le non-recours à des coupes budgétaires généralisées, l'amélioration des dépenses publiques en faveur des pauvres et des plus vulnérables, ainsi que la rationalisation de l'utilisation des médicaments et des technologies, et de la prestation de services, aident les pays à préserver la santé tout en gérant la crise économique.

Au cours de la séance d'ouverture, Mme Jakab a présenté et lancé officiellement Santé 2020 : la politique européenne en matière de santé et de bien-être. Ce nouveau cadre politique assure la cohérence entre les politiques et les programmes en vue d'aider les pays à relever les défis actuels tout en saisissant les occasions d'améliorer la santé et le bien-être.

En outre, l'OMS a organisé une réunion parallèle sur la planification et la mise en œuvre des programmes de lutte contre les maladies non transmissibles en Europe orientale et en Asie centrale dans les buts suivants :

• examiner les initiatives mondiales et régionales dans le domaine de la prévention et de la lutte et élaborer une « série d'interventions » pertinentes en matière de lutte contre les maladies non transmissibles et au niveau des systèmes de santé ;
• solliciter des commentaires et des suggestions quant à la possibilité d'établir une action coordonnée au niveau régional pour la prévention et la lutte contre les maladies non transmissibles ;
• formuler un plan de soutien technique et de collaboration pour les différents pays.

Gouvernance de la santé

Lors du Forum européen de la santé Gastein, Mme Jakab a également abordé le thème de la gouvernance mondiale de la santé. Alors que des groupes plus nombreux et plus variés s’intéressent désormais à la santé, l'OMS revêt une pertinence continue et une importance encore plus grande, et Santé 2020 soutient l'action pangouvernementale et pansociétale en vue de promouvoir la santé et le bien-être. Elle a expliqué que les activités des différents intervenants doivent être mieux coordonnées et optimisées, grâce à l'instauration de réseaux et à l'interaction avec la société civile, du niveau local au niveau supranational. À titre d'exemple, elle a cité le renforcement de la coopération entre, d'une part, l'OMS/Europe et, d'autre part, la Commission européenne et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Plusieurs séances du Forum furent l'occasion d'aborder la question de la gouvernance des systèmes de santé. L'OMS/Europe a organisé un atelier sur la manière dont la gouvernance contribue à assurer la viabilité et la durabilité des systèmes de soins de santé, ainsi que sur l'amélioration de l'efficacité par une plus grande intégration des systèmes et une meilleure coordination des soins.

L'OMS/Europe a également participé à un atelier consacré aux effets de la crise financière sur les systèmes de santé en Fédération de Russie et d'autres membres de la Communauté des États indépendants, organisé par l'Académie des sciences de Russie, ainsi qu'à des forums parallèles sur la durabilité des systèmes de santé et les défis de santé publique à l'horizon 2050, organisés respectivement par l'OCDE et la Direction générale de la recherche de la Commission européenne.

Le changement climatique, un exemple de gouvernance dans un contexte multilatéral

L'OMS/Europe a participé à une table ronde sur la gouvernance. L'attention s'est focalisée sur la prise en compte de la santé dans les accords multilatéraux, comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, et l'expérience acquise à ce sujet. Le processus européen Environnement et santé a contribué à mettre en évidence la santé dans les négociations internationales relatives aux changements climatiques. Parmi les réussites importantes dans ce domaine, il convient de mentionner l'apport systématique de bases factuelles pour l'élaboration des politiques, la participation des dirigeants nationaux dans le cadre d'approches pratiques et l'engagement des médias sociaux, des jeunes professionnels et des groupes d'intérêt.

Communiquer la santé

L'OMS/Europe a également participé à une table ronde consacrée à l'influence des médias sociaux sur les comportements de santé. Les participants ont reconnu que, si les médias sociaux permettent d'établir un dialogue sur des questions telles que la vaccination, beaucoup reste encore à faire en vue d'identifier les groupes vulnérables et de les encadrer de la manière la plus adéquate possible.