Quelle est la situation concernant la santé de la femme en 2020 ?

WHO/Malin Bring

Cette année, cela fait 25 ans que les pays se sont engagés à intensifier leurs efforts en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité entre les sexes dans le cadre du Programme d’action de Beijing. Aujourd’hui, nous célébrons la Journée internationale des femmes 2020, et attirons l’attention sur l’impact de l’égalité entre les sexes sur la santé des femmes de la Région européenne de l’OMS tout au long de leur vie.

Si l’Europe a l’un des niveaux d’égalité entre les sexes les plus élevés au monde, les progrès ont été lents et de nombreuses différences subsistent entre les pays. Selon les indices existants d’égalité entre les sexes, aucun État membre n’a atteint une égalité totale. Les inégalités entre les sexes ont de nombreuses incidences sur la santé des femmes.

Les gouvernements européens fixent des priorités pour l’égalité entre les sexes

Les pays européens ont défini, dans le cadre de l’examen de Beijing +25, des actions et des priorités futures en matière d’égalité entre les sexes. Quasiment tous les États membres européens ont soumis des rapports d’examen nationaux. L’évaluation des priorités évoquées dans ces rapports à la lumière du Programme de développement durable à l’horizon 2030 permet de tirer les conclusions suivantes.

  • L’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, ainsi que la prise de mesures pour reconnaître, valoriser et redistribuer les soins non rémunérés dispensés par les femmes demeurent hautement prioritaires en Europe – ce sont des cibles des objectifs de développement durable (ODD) qui s’avèrent vitales pour la santé des femmes en Europe.
  • La garantie de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes est au cœur de l’égalité entre les sexes, et constitue également une cible des ODD, mais elle est moins souvent considérée comme une priorité par les pays aujourd’hui par rapport aux années précédentes.
  • La lutte contre les normes sexospécifiques et les stéréotypes sexistes nuisibles, ainsi que l’accroissement de l’inclusion numérique des femmes – 2 éléments cruciaux pour la santé et le bien-être des femmes – constituent de nouvelles ou de prochaines priorités sur lesquelles les pays mettront davantage l’accent à l’avenir.

En septembre 2020, les États membres européens examineront les progrès accomplis en matière d’égalité entre les sexes et leurs incidences sur la santé des femmes et des hommes et ce, dans le cadre du suivi des avancées réalisées au titre de la Stratégie pour la santé et le bien-être de la femme dans la Région européenne de l’OMS (2016) et de la Stratégie pour la santé et le bien-être de l’homme dans la Région européenne de l’OMS (2018).

Les filles moins satisfaites de leur vie

Les stéréotypes sexistes commencent à exercer un impact sur la santé et le bien-être dès le plus jeune âge. Les données de l’enquête sur le comportement des jeunes d’âge scolaire en matière de santé révèlent que chez les adolescents européens de 15 ans, 43 % des filles sont insatisfaites de leur corps, contre 22 % des garçons. En outre 26 % des filles déclarent suivre un régime, même si seulement 13 % sont en surpoids (alors que 11 % des garçons suivent un régime et 22 % sont en surpoids).

Les mêmes données montrent un écart entre les sexes en matière de satisfaction de la vie chez les adolescents, les filles étant plus susceptibles d’être moins satisfaites que les garçons dans tous les pays.

Taux élevés de violence à l’encontre des femmes

Dans la Région européenne, 1 femme sur 4 subira des violences physiques et/ou sexuelles de la part de son partenaire intime après l’âge de 15 ans. Les données des Nations Unies indiquent que plus des trois quarts des victimes de la traite des êtres humains sont des femmes, et qu’une grande majorité de ces femmes le sont à des fins d’exploitation sexuelle.

Les inégalités entre les sexes affectant les femmes sur le marché du travail

Si les femmes représentent la majorité du personnel de santé dans la Région européenne, les inégalités entre les sexes persistent au sein du système de santé. Le personnel de santé féminin se heurte toujours à d’importantes difficultés pour accéder à des postes de direction, obtenir l’égalité des revenus et surmonter les stéréotypes sur les rôles généralement joués par les femmes dans les systèmes de santé.

Bien que les chiffres évoluent d’année en année, en mars 2020, seuls 19 % des ministres de la Santé des États membres européens sont des femmes, contre 34 % en août 2019. Pourtant, les femmes représentent 90 % du personnel officiel à long terme des services de soins de santé et d’aide sociale dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Les services de soins de santé dépendent fortement des femmes qui contribuent en tant que soignantes informelles, en particulier pour les enfants et les personnes âgées. Les données de l’Union européenne mettent en évidence la persistance et l’aggravation des inégalités entre les sexes dans la prestation de soins non rémunérés.

De nombreuses années vécues en mauvaise santé

Si les femmes de la Région ont une espérance de vie parmi les plus élevées du monde, elles souffrent souvent durant les dernières années de leur existence de problèmes de santé ou d’un handicap, avec généralement un faible niveau de protection sociale. Cela est dû en partie à la participation inégale des hommes et des femmes au marché du travail, et au déséquilibre entre les sexes dans la prestation de soins.

En Europe, les femmes vivent en moyenne 10 ans en mauvaise santé, alors que chez les hommes, ce chiffre est de 6 ans. Étant donné que la population européenne vieillit, et que 70 % des 14 millions de personnes actuellement âgées de plus de 85 ans sont des femmes, ce groupe ne peut que s’agrandir.