Santé numérique : transformer et élargir la prestation des services de santé

WHO/Jerome Flayosc

La santé numérique est une notion vaste qui englobe, entre autres, la santé électronique, la santé mobile, la télésanté et les données sanitaires. Elle offre des solutions susceptibles de renforcer les systèmes de santé, comme la prestation de services de santé directement à domicile et dans les communautés mal desservies, l’aide à la cartographie des flambées de maladies et l’intégration d’outils numériques permettant d’accroître la réactivité et la productivité des soins de santé.

Outre ces possibilités, la santé numérique soulève aussi d’importantes questions. Peut-elle assurer la prestation de soins de qualité ? Comment peut-on éviter de laisser de côté les personnes qui n’ont pas accès aux appareils numériques ou ne les connaissent pas ? Comment peut-on garantir la sécurisation adéquate des données sanitaires sensibles afin que les utilisateurs des services se sentent en sécurité ?

La réponse à ces questions s’avère déterminante pour l’avenir de la santé dans la Région européenne de l’OMS. C’est la raison pour laquelle le Programme de travail européen considère la santé numérique comme une initiative phare avec la vaccination, la santé mentale ainsi que les connaissances comportementales et culturelles.

Pourquoi la santé numérique est-elle désormais une priorité ?

La santé numérique est considérée depuis des années comme une priorité stratégique émergente en matière de santé. Même avant la pandémie de COVID-19, il était généralement admis que l’utilisation de ces technologies pouvait accroître l’efficacité des systèmes et des services de santé. Les pays ont également mis en avant l’importance de la santé numérique.

Lié au Treizième Programme général de travail de l’OMS, le Programme de travail européen s’engage à garantir un meilleur accès des populations de la Région à la santé grâce à la couverture sanitaire universelle. Il reconnaît aussi que la santé numérique est essentielle à la réalisation de cette vision.

La notion de santé numérique peut évoquer une technologie avancée et futuriste, mais en fait, elle peut porter sur tout un ensemble d’interventions, à savoir :

  • les dossiers de santé électroniques et les normes qui sous-tendent l’échange de données ;
  • les applications mobiles de santé pour le suivi et la prévention ;
  • les portails de santé publique qui garantissent un accès transparent aux dossiers de santé des individus et à leurs contacts avec le système de santé ;
  • la télémédecine ;
  • la prestation de soins intégrés ;
  • les outils d’aide à la décision clinique dans les soins primaires ;
  • la robotique ;
  • la médecine personnalisée ;
  • les nanotechnologies ;
  • l’intelligence artificielle.

La santé numérique est liée à d’autres initiatives phares, notamment les connaissances comportementales et culturelles et la santé mentale, tout en cherchant à établir un modèle de partenariat en vue de recenser les meilleures pratiques et les opportunités à cet égard.

Quand la COVID-19 joue un rôle d’accélérateur

La pandémie de COVID-19 a permis de mettre en lumière le rôle de la santé numérique. Parmi les exemples d’utilisation de la santé numérique, il convient de mentionner le recours aux outils numériques tels que les applications de recherche de contacts pour surveiller les flambées épidémiques, et les consultations en ligne afin d’assurer la sécurité des professionnels de santé et des patients ainsi que la continuité des soins.

Ces méthodes numériques de prestation de soins de santé sont bien réelles, et continueront très probablement d’être utilisées. Il est important de renforcer le leadership et la diffusion des connaissances dans ce domaine pour garantir une bonne prestation des services, et pour veiller à ce que les systèmes de santé bénéficient des nouvelles technologies.

La pratique de la santé numérique

Un symposium sur la santé numérique organisé par l’OMS/Europe en 2019 a permis de montrer comment les pouvoirs publics et les organisations peuvent utiliser les technologies de la santé afin de réduire les inégalités et d’améliorer la santé et le bien-être. Sur le terrain, la santé numérique continue de s’intégrer à la prestation des services de santé.

Au Kirghizstan, par exemple, une application d’accouchement en toute sécurité permet de délivrer des conseils aux sages-femmes pour faire face à différents scénarios d’accouchement, dont certains peuvent d’ailleurs nécessiter une intervention d’urgence. L’application elle-même, utilisée dans plus de 40 pays à travers le monde, a été élaborée par la Maternity Foundation au Danemark. Elle aide les sages-femmes à prodiguer des soins, notamment lorsque ce personnel est confronté à une situation difficile.

En Finlande, un service de soins de santé numérique axé sur le patient et appelé « Village-santé » a été mis en place par plusieurs hôpitaux universitaires. La plateforme en ligne permet aux personnes de planifier et de gérer leurs propres soins à l’aide de simples appareils médicaux pour envoyer des relevés aux professionnels de santé. Elle permet une approche plus rationnelle des soins de santé qui tient compte de la vie des patients, ces derniers pouvant avoir du mal à trouver le temps de se rendre à des consultations de routine. Cette plateforme soulève aussi naturellement des questions, en particulier chez les personnes moins au fait des technologies numériques, ou chez celles qui éprouvent des difficultés à les utiliser. Elle intègre par conséquent des éléments d’accompagnement afin que les patients soient capables d’utiliser les services.

Il s’agit là de quelques-uns des moyens grâce auxquels la santé numérique peut autonomiser les individus, accroître l’efficacité des systèmes de santé, et garantir une plus grande couverture sanitaire.