La Journée mondiale contre la poliomyélite célèbre un moment historique
Grâce à l’utilisation généralisée de vaccins sûrs et efficaces, la poliomyélite devrait être la deuxième maladie humaine à être éradiquée (après la variole). Seuls 20 cas de poliovirus sauvage ont été dépistés cette année dans les 3 derniers pays endémiques (Afghanistan, Nigeria et Pakistan). Célébrée le 24 octobre, la Journée mondiale contre la poliomyélite est l’occasion de rendre hommage à ces progrès ainsi qu’aux personnes qui les rendent possibles en faisant vacciner leurs propres enfants, et s’emploient à vacciner tous les enfants afin que l’impact dévastateur de cette maladie ne vienne compromettre leur avenir.
« Même si la Région européenne de l’OMS est exempte de poliomyélite, il est important de continuer à vacciner jusqu’à ce que nous ayons éliminé cette maladie des 4 coins de la planète. Tant que la poliomyélite circule quelque part dans le monde, tous ceux qui ne sont pas vaccinés sont à risque », explique le docteur Patrick O’Connor, chef d’équipe, Lutte accélérée contre les maladies, OMS/Europe.
L’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite fête son 30e anniversaire
Avant l’introduction du premier vaccin en 1955, la poliomyélite était une maladie très redoutée qui infectait la plupart des personnes dans l’enfance, causant la paralysie dans environ 1 cas sur 200. Au début des années 1980, si le nombre de nouveaux cas était certes en recul, des centaines d’enfants étaient encore atteints de paralysie chaque jour dans le monde. En 1988, l’Assemblée mondiale de la santé a officiellement décidé d’éradiquer la poliomyélite, et l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite a ainsi vu le jour.
Depuis lors, plus de 2,5 milliards d’enfants ont été vaccinés contre la poliomyélite grâce à la coopération de plus de 200 pays et de 20 millions de volontaires. Sur les 3 types de poliovirus sauvages, le dernier cas de type 2 a été signalé en 1999, et son éradication a été déclarée en septembre 2015. Aucun cas de poliomyélite de type 3 n’a été dépisté depuis novembre 2012.
Cependant, il s’est avéré difficile de s’attaquer au 0,01 % de cas restants. Les conflits, l’instabilité politique, les populations difficiles à atteindre et l’insuffisance des infrastructures sanitaires continuent de rendre particulièrement ardue l’éradication de la maladie. Tant que l’on n’aura pas interrompu les dernières chaînes de circulation dans les zones endémiques, l’importation du virus dans les pays qui ont déjà éradiqué la poliomyélite constitue toujours une menace.
Statut de la Région européenne et préparation
La Région européenne a été déclarée exempte de poliomyélite en 2002. Ce statut est revu chaque année par la Commission régionale européenne indépendante de certification de l’éradication de la poliomyélite. Sur la base des rapports nationaux, la Commission régionale européenne examine si :
- le virus a pu entrer ou peut circuler dans la Région ;
- l’immunité de la population est suffisante pour prévenir une infection continue ;
- la Région est prête à intervenir si un cas est dépisté.
À l’approche de l’éradication mondiale, la Région s’intéresse également au confinement ou à la destruction en toute sécurité des poliovirus actuellement détenus dans les infrastructures de recherche et de fabrication de vaccins.
Dans son rapport de mai 2018, la Commission régionale européenne s’est déclarée préoccupée par la baisse de la couverture vaccinale dans certains pays. Elle a recensé 3 pays à haut risque de propagation potentielle du poliovirus en cas d’importation ou d’émergence du virus (Bosnie Herzégovine, Roumanie et Ukraine). En outre, 21 pays sont considérés comme présentant un risque intermédiaire. La Commission régionale européenne a exhorté tous les pays à garantir une couverture vaccinale systématique élevée, une surveillance de haute qualité de la maladie ainsi que le respect des exigences de l’OMS en matière de confinement du poliovirus.
Qu’est-ce que la poliomyélite ?
La poliomyélite est une maladie infectieuse invalidante et potentiellement mortelle qui résulte d’une infection par l’un des 3 types de poliovirus apparentés appartenant à la famille des entérovirus (picornavirus).
Dans la plupart des cas, le virus ne cause aucun symptôme, ou seulement des symptômes de type grippal. Cependant, dans 1 cas sur 200 chez l’enfant ou l’adulte, il envahit le système nerveux, détruit les cellules nerveuses et entraîne la perte de fonction des muscles affectés, une affection connue sous le nom de paralysie flasque aiguë (PFA). Si le virus attaque les motoneurones du tronc cérébral, il réduit la capacité respiratoire et peut causer des difficultés à avaler et à parler. Si certaines personnes se rétablissent complètement, d’autres développent une invalidité permanente. Les survivants de la poliomyélite peuvent éprouver une faiblesse musculaire croissante et d’autres symptômes des dizaines d’années après leur guérison (« syndrome post-poliomyélite »). Des milliers de personnes dans la Région européenne vivent aujourd’hui avec les effets de la poliomyélite et du syndrome post-poliomyélite.
S’il n’existe pas de remède contre la poliomyélite, il est possible de la prévenir par la vaccination. Le vaccin antipoliomyélitique, administré plusieurs fois sous forme de gouttes ou d’injections, protège presque toujours un enfant à vie.
La stratégie d’éradication de la poliomyélite consiste donc à vacciner chaque enfant pour prévenir l’infection et la réintroduction du virus partout dans le monde. Ce travail doit se poursuivre jusqu’à ce que le monde entier soit certifié exempt de poliomyélite.