L’OMS/Europe publie des considérations pour l’assouplissement progressif des mesures contre la COVID-19
En réaction à la propagation de la COVID-19 dans la Région européenne, l’OMS/Europe a énoncé, dans une publication, les points fondamentaux à prendre en considération en vue de l’assouplissement progressif des restrictions introduites par de nombreux pays pour un confinement.
La sortie du confinement devrait être une phase transitoire complexe, pleine d’incertitudes. Les difficultés et le contexte varient d’un pays à l’autre, et il n’existe pas de stratégie universelle. Il est essentiel que les pays communiquent clairement ceci à la population afin que celle-ci soit en confiance et respecte les restrictions spécifiques à sa situation.
L’OMS/Europe insiste sur 4 éléments clés lorsque l’on envisage d’assouplir les mesures restrictives de grande envergure dans le domaine de la santé publique :
- les mesures relatives à la santé publique et à l’épidémiologie ;
- les capacités de gestion du système de santé selon 2 voies ;
- ce que l’on sait sur la population et ses comportements ;
- les incidences sur le plan social et économique.
La diversité des pays de la Région est extrême, et la COVID-19 ajoute à cette complexité, avec des différences dans les taux d’infection et les capacités des systèmes de santé d’un pays à l’autre et au sein d’un même pays. Compte tenu de cet ensemble de facteurs, le déconfinement présente des difficultés différentes pour chaque pays.
« Ce document vise à aider les pays en proposant des considérations essentielles pour le lent assouplissement des restrictions et la transition vers une « nouvelle normalité » », déclare le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « Si tout le monde souhaite le retour à une activité économique, il est important de préciser clairement qu’il s’agira d’un processus progressif, nécessitant un contrôle strict et une éventuelle réintroduction de mesures si le nombre de cas repart à la hausse. »
Critères pour l’assouplissement des mesures de distanciation physique
Les recommandations de l’OMS comprennent 6 critères pour le passage à un assouplissement des mesures de restriction. Les pays doivent veiller à ce que :
- les données scientifiques prouvent que la transmission de la COVID-19 est sous contrôle ;
- les capacités de la santé publique et du système de santé soient en place pour déceler, isoler, tester, retrouver les contacts et les mettre en quarantaine ;
- les risques de flambée épidémique soient limités au maximum dans les milieux à haute vulnérabilité, en particulier dans les foyers pour personnes âgées, les établissements de santé mentale et les lieux de vie où se concentrent un grand nombre de personnes ;
- des mesures préventives soient mises en place sur les lieux de travail, dont une distanciation physique, des infrastructures pour le lavage des mains et des règles d’hygiène en cas de toux ou d’éternuement ;
- les risques d’importation puissent être gérés ;
- les communautés puissent s’exprimer et soient bien informées sur la transition et y participent en tant qu’acteurs.
Vu la nature complexe de la situation, les pays se trouvent à des stades différents. Certains commencent à assouplir les restrictions, tandis que d’autres optent pour le maintien de mesures de confinement strictes.
Une stratégie adaptable
Lorsque les restrictions sont assouplies, il est important que les pays soient conscients du fait qu’il peut être nécessaire de réintroduire des mesures de distanciation physique pour gérer d’éventuelles flambées de maladie. Cette approche flexible est qualifiée de bidirectionnalité.
Pour éviter que des foyers localisés échappent à tout contrôle, un programme de surveillance rigoureux permettant de déceler, de tester et d’isoler tous les cas, ainsi que de retrouver et de mettre en quarantaine leurs contacts, est essentiel. En cas d’assouplissement des mesures, les cas devraient être maintenus à un niveau correspondant à un facteur RO de 1, et devraient idéalement rester en dessous de 1. Cela signifie qu’une personne chez laquelle la COVID-19 a été confirmée ne transmet pas la maladie à plus d’une personne, afin que le nombre de cas reste stable.
Une tendance à la résurgence de cas nécessiterait une réintroduction rapide de mesures de distanciation physique pour contenir la flambée. L’assouplissement du confinement peut donc subir de brusques changements.
Étalement de l’assouplissement des restrictions
Par ailleurs, l’assouplissement des restrictions dans certains pays devra être échelonné sur une certaine période. Étant donné la nature de la COVID-19, il est difficile de comprendre l’impact de tout assouplissement des restrictions avant que 10 à 14 jours ne se soient écoulés. En conséquence, cet assouplissement sera progressif et beaucoup reviendront à une nouvelle normalité : hygiène des mains, règles d’hygiène en cas de toux et habitudes de distanciation.
En outre, le personnel de santé doit se voir offrir la possibilité de se reposer et de récupérer. Évidemment, la COVID-19 a eu un effet sur la prestation des services habituels en supplantant d’autres problèmes de santé, auxquels les systèmes de santé devront rapidement s’attaquer. Par exemple, il se peut que des enfants aient manqué des vaccinations systématiques, ce qui devra être rectifié prestement pour éviter toute apparition de maladies à prévention vaccinale.
Avec ces considérations, l’OMS fournit une série d’indications aux pays qui cherchent à assouplir certaines restrictions tout en restant vigilants et prêts à réagir à toute nouvelle flambée de COVID-19.