Mieux que le dépistage : avec l’aide de l’OMS, l’Ukraine a opté pour une politique rentable de prévention du cancer du sein
La Journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars, est l’occasion de mettre en lumière un problème de santé qui touche jusqu’ à 1 femme sur 10 dans de nombreux pays de la Région européenne, à travers l’histoire inspirante de la recherche, par l’Ukraine, du meilleur moyen de lutter contre le cancer du sein. Les autorités du pays ont profité de l’expertise et des conseils de l’OMS/Europe pour modifier leurs plans initiaux de dépistage par mammographie à l’échelle nationale, et ont commencé à élaborer un programme de diagnostic précoce plus prometteur. Cette initiative permettra à l’Ukraine de sauver des milliers de vies et d’économiser des millions d’euros en prêts.
Prévention du cancer du sein : à la recherche des meilleures pratiques
Une étude menée récemment par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et l’OMS/Europe a montré qu’en Ukraine, plus de 1 cancer du sein sur 4 est diagnostiqué à un stade tardif, rendant impossible la guérison, même avec les meilleurs traitements. Pour faire face à cette tendance inquiétante, le docteur Arman Kacharian, responsable de la lutte contre le cancer au ministère ukrainien de la Santé, a fait appel à l’expertise de l’OMS/Europe dans ce domaine.
En 2019-2020, le docteur Kacharian a examiné les politiques efficaces de prévention du cancer du sein lors de l’atelier CIRC/OMS sur le dépistage du cancer et des grandes conférences de l’OMS/Europe sur le dépistage. Il est arrivé à la conclusion qu’un programme de dépistage par mammographie à grande échelle ne constituait pas la meilleure option pour améliorer la situation en matière de cancer du sein en Ukraine.
Selon les dernières lignes directrices de l’OMS, les programmes nationaux de dépistage du cancer par mammographie ont tendance à être coûteux, et ne donnent des résultats positifs que dans les pays où les systèmes de santé disposent de ressources économiques et humaines importantes. Le système de santé de nombreux pays de la Région européenne de l’OMS n’est pas en mesure de tester un grand nombre de femmes en bonne santé, et d’assurer un diagnostic et un suivi rapides et précis de celles dont le test s’est avéré positif.
Après avoir consulté des experts de l’OMS/Europe, les autorités ukrainiennes se sont intéressées à une autre stratégie de prévention du cancer recommandée par l’OMS, à savoir le programme de diagnostic précoce. Ce dernier repose sur l’identification rapide des cas de cancer chez les patientes qui présentent des symptômes de la maladie ainsi que sur un suivi rapide et complet du diagnostic. Étant donné les améliorations majeures apportées ces dernières décennies au traitement du cancer du sein, dans les cas où le cancer est diagnostiqué à un stade palpable précoce, les taux de guérison sûre sont très élevés.
Les avantages du programme de diagnostic précoce
Le cancer, lorsqu’il est identifié à un stade précoce, a plus de chances de répondre à un traitement efficace, ce qui se traduit par une plus grande probabilité de survie ainsi que par un traitement moins lourd et moins coûteux. L’intérêt d’une détection précoce du cancer est évident, et la vie des patientes atteintes de cancer peut être grandement améliorée.
« Par rapport aux programmes de dépistage par mammographie, la centralisation des centres de pointe fournissant un diagnostic précoce de qualité du cancer du sein est plus efficace, plus économique et plus durable dans un cadre aux ressources limitées », a expliqué le docteur Olga Trusova, une éminente experte en mammographie du Bélarus qui a participé au projet BELMED dont l’objectif est de réaliser le dépistage du cancer du sein au Bélarus. Le projet BELMED est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’OMS/Europe et le CIRC depuis 2016.
L’OMS/Europe a organisé une série de consultations en ligne entre les docteurs Kacharian et Trusova afin d’échanger points de vue et expertise sur les politiques de prévention du cancer. L’approche du diagnostic précoce du cancer du sein a été jugée plus appropriée pour l’Ukraine que le dépistage par mammographie. Elle exige en fait moins de ressources, et permet au système de santé ukrainien de mieux se préparer aux mesures de dépistage qui pourraient s’avérer nécessaires à l’avenir.
Économiser les ressources de l’Ukraine
L’OMS/Europe a également aidé l’Ukraine à évaluer ses ressources. Le pays collabore avec la France sur des projets de prévention du cancer du sein. Début 2020, la France a proposé un prêt à taux réduit de 24 millions d’euros à l’Ukraine afin de se procurer des appareils de mammographie pour le dépistage.
Sur les conseils des experts de l’OMS/Europe, l’Ukraine a procédé à une cartographie rapide des services de mammographie disponibles dans le pays, en les comparant aux données nationales sur la détection du cancer du sein stratifiées par régions, notamment les données du programme pilote ukrainien de dépistage du cancer du sein.
Il s’est avéré que le pays disposait d’un équipement mammographique suffisant pour lancer un programme efficace de diagnostic précoce du cancer du sein. Il suffisait de veiller à ce que les unités de mammographie existantes fonctionnent à pleine capacité, traitant 4 à 8 femmes par jour, voire plus, comme c’est le cas actuellement.
« L’aide apportée par l’OMS a permis à l’Ukraine de réaliser d’importantes économies », a expliqué le docteur Kacharian. « Le prêt à taux réduit était destiné à l’achat d’appareils de mammographie. Si nous n’avons pas besoin de cet équipement, nous n’aurons pas à rembourser le prêt. Nous allons renouveler le matériel de mammographie dans les hôpitaux oncologiques spécialisés afin d’organiser un programme de diagnostic d’une journée. » L’OMS/Europe participe aux négociations actuelles entre l’Ukraine et la France afin d’investir plus efficacement dans la lutte contre le cancer du sein.