L’infirmière anesthésiste Larysa Belykova face aux difficultés posées par le conflit militaire et la COVID-19 en Ukraine

Larysa Belykova

L’hôpital central de district de la ville de Volnovakha, à seulement 34 km de la ligne de front du conflit militaire ukrainien, dispense des soins médicaux spécialisés à plus de 150 000 personnes. En 2019, il a commencé à rencontrer des difficultés pour l’approvisionnement en oxygène, qui est essentiel pour les unités de chirurgie et de soins intensifs. Fin 2019, l’OMS y a installé un générateur d’oxygène pour s’assurer qu’il n’y aurait pas d’interruption des soins indispensables au maintien en vie des patients. En outre, l’OMS a fait don d’équipements de base pour le lavage et la désinfection des dispositifs médicaux dans l’unité de stérilisation.

« Volnovakha est située sur l’autoroute reliant Donetsk et Marioupol, les deux plus grandes villes de notre province, ce qui signifie que nous avons toujours eu de nombreux cas liés à des accidents de la circulation. En 2014, quand la guerre a commencé, c’est devenu bien pire. D’abord, il y a eu les militaires et les civils blessés lors des combats et des bombardements ; ensuite, nous avons aussi eu de nombreux patients blessés par des explosions de mines terrestres. Nous étions habitués à un travail exigeant, mais cela a ajouté un élément peu familier, difficile sur le plan psychologique. »

« J’ai commencé ma carrière à l’hôpital central de district à 19 ans et j’ai choisi l’anesthésiologie parce que je préférais le travail concret. J’ai beaucoup de responsabilités et des tâches ardues, mais cela me permet vraiment de montrer mes compétences. »

« En tant qu’infirmière-anesthésiste, ma journée de travail commence à 8 heures du matin lorsque nous nous réunissons en équipe et recevons le planning quotidien des interventions chirurgicales. Ensuite, je prépare mon poste de travail et je commence à aider dans le bloc opératoire. Ma journée se termine souvent assez tard dans la soirée. »

« J’apprécie mon équipe. Nous sommes arrivés ici ensemble, et nous sommes tombés amoureux, avons fondé nos familles et avons eu des enfants en même temps. Nous avons partagé tous les grands moments de la vie, ce qui a fait de nous un groupe soudé, comme une famille. »

« À présent, nous sommes confrontés à un autre type de défi : la COVID-19. Heureusement, aucun cas n’a été enregistré à Volnovakha jusqu’à présent. Mais nous nous préparons quand même à soigner des patients atteints par cette maladie. Nous avons reçu des masques, des blouses de protection et des instructions détaillées du ministère de la Santé. Tous les jours, nous avons des sessions de formation, à la fois pour les professionnels de santé et les résidents locaux, sur le comportement à adopter si la pandémie commence à se propager ici aussi. »

« Le générateur d’oxygène que nous avons reçu de l’OMS et que nous avons commencé à utiliser en janvier nous aide beaucoup. Avant cela, nous devions utiliser des concentrateurs d’oxygène, qui étaient encombrants et moins fiables, car dépendants du réseau électrique. Comme nous avons souvent des coupures d’électricité à Volnovakha, je suis heureuse que le générateur que nous avons maintenant soit autonome et que l’on puisse facilement avoir accès à l’oxygène. Nous l’employons dans les salles d’opération, pour la réanimation, les unités de soins intensifs et les services de maternité. »

« À cause de la pandémie de COVID-19, les respirateurs sont de plus en plus nécessaires. Comme nous avons désormais un générateur d’oxygène, nous sommes plus confiants dans notre capacité à aider nos patients. »

« Tout le monde ne peut pas devenir infirmier/-ère. Cette profession exige un travail acharné, une volonté profonde d’aider les autres et un grand respect pour les collègues et les patients. J’espère qu’un jour, notre métier sera reconnu à sa juste valeur. »