Selon une étude de l’OMS/Europe, la réalisation des objectifs de la politique turque de santé pourrait éviter des milliers de décès
Selon un article publié dans le Lancet, des experts de l’OMS/Europe estiment qu’environ 20 000 décès auraient pu être évités en Turquie en 2017 si le pays avait atteint ses objectifs actuels de réduction de la consommation de tabac et de sel de 30 %, et de l’inactivité physique de 10 %. L’étude a calculé les résultats potentiels du plan d’action contre les maladies non transmissibles (MNT) adopté dans le pays pour 2017-2025.
Turquie : 89 % des décès sont attribuables aux MNT
La charge des MNT est en hausse partout dans le monde, et la Région européenne de l’OMS présente les taux de mortalité les plus élevés associés à ces maladies. En Turquie, les MNT concourent à 89 % de l’ensemble des décès, près d’un de ces décès sur 5 survenant d’ailleurs avant l’âge de 70 ans.
Afin de faire face aux importants coûts sociaux et économiques causés par les MNT, et aggravés par l’accroissement imminent de la population âgée en Turquie, le gouvernement a mis en place le Plan d’action multisectoriel turc contre les maladies non transmissibles 2017-2025.
Le plan se concentre sur le tabac, l’alcool, l’alimentation et l’inactivité physique en tant que facteurs de risque clés pour les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques, les cancers et le diabète, c’est-à-dire les quatre affections à l’origine de 80 % des décès dus aux MNT dans le monde.
L’article du Lancet, rédigé par des experts de l’OMS/Europe, calcule l’effet estimé des mesures prises par la Turquie en vue de réduire la consommation de tabac et de sel de 30 % ainsi que l’inactivité physique de 10 %.
L’analyse examine les chiffres à partir de 2017, et estime le nombre de décès qui auraient été évités si les objectifs avaient été atteints. Selon l’analyse des statistiques de qualité disponibles, 20 281 décès auraient pu ainsi être évités rien qu’en 2017.
« Cette approche de l’OMS/Europe fondée sur des données probantes permet non seulement d’évaluer les effets potentiels du plan d’action turc contre les MNT, mais elle peut nous aider à prendre les mesures les plus efficaces et à sauver davantage de vies chaque année », a déclaré le docteur João Breda, conseiller spécial du directeur régional de l’OMS pour l’Europe, qui a dirigé les recherches avec le Bureau européen de l’OMS pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles.
À l’instar des autres pays de la Région européenne, la Turquie s’efforce d’atteindre la cible de l’objectif de développement durable consistant à réduire d’un tiers la mortalité due aux MNT d’ici 2030. Le Programme de travail européen (2020-2025) – « Une unité d’action pour une meilleure santé » souligne la nécessité de formuler des orientations techniques sur les mesures de lutte efficaces contre les MNT dans la Région.
Prioriser les facteurs de risque
L’étude de l’OMS/Europe classe par ordre de priorité les principaux facteurs de risque de MNT en Turquie :
- la consommation de sel ;
- l’inactivité physique ;
- la consommation de tabac ;
- la consommation insuffisante de fruits et de légumes ;
- la consommation d’alcool.
La réduction de la consommation de sel et de l’inactivité physique dans la population offre la meilleure occasion de réduire la mortalité due aux MNT en Turquie. Cela pourrait permettre d’éviter plus de la moitié des décès évitables.
« La nécessité de promouvoir la consommation quotidienne de fruits et de légumes constitue une autre conclusion importante de l’étude. Bien que la consommation de fruits et de légumes ne s’inscrive pas dans l’objectif mondial de lutte contre les MNT, elle reste un facteur crucial susceptible de réduire les risques sanitaires associés à ces maladies, et ne doit pas être négligée lors de la planification des politiques nationales », a ajouté le docteur Breda.
L’étude de l’OMS/Europe est utile aux autres pays qui cherchent les meilleures pratiques pour réduire la mortalité imputable aux MNT. L’approche de l’OMS/Europe visant à modéliser l’impact des différents objectifs liés aux facteurs de risque peut être utilisée en vue de fixer les bonnes priorités, et les traduire en objectifs politiques adaptés aux besoins nationaux à travers la Région.