COVID-19 : la Turquie a mis ses aînés à l’abri en protégeant les travailleurs de la santé dans les maisons de repos

Mrs Pınar Büyükkayaer


Les résidents des maisons de repos turques ont été priés de ne pas sortir.

Près de deux semaines avant la détection du premier cas de COVID-19 en Turquie, les visites ont été limitées dans les maisons de repos du pays. Six semaines plus tôt, la Turquie avait également commencé à introduire des mesures de protection contre le virus pour ses citoyens âgés. Une série de mesures préventives de ce type, prises à temps et encadrées par l’OMS, a contribué à limiter la propagation du virus dans beaucoup de maisons de retraite turques.

Mme Hatice, professionnelle de la santé, souligne que les membres du personnel ont été priés de travailler suivant un système de rotation de deux semaines, ce qui signifiait qu’ils devaient rester à la maison de repos pendant cette période. Toutefois, elle déclare qu’à partir du moment où les membres du personnel ont subi régulièrement un dépistage de la COVID-19, cela leur a permis de rentrer plus facilement chez eux et de voir leurs proches. « Heureusement, nous allons tous bien, mais en raison de cet éloignement, notre famille et nos enfants nous ont manqué », se souvient-elle.

Conformément aux directives de l’OMS, le bureau de l’OMS en Turquie a mis ses compétences techniques à la disposition du ministère de la Famille, du Travail et des Services sociaux. « Grâce au soutien de l’OMS, des directeurs de maisons de repos de tout le pays ont pu se procurer des équipements de protection individuelle (EPI) adéquats. Notre assistance a permis de limiter les déplacements, de maintenir les normes d’hygiène et d’améliorer les protocoles de dépistage, la nutrition et la politique en matière de visites », indique Toker Ergüder, administrateur national.

Le meilleur remède : un soutien moral

Le docteur Orhan Koç, du ministère de la Famille, du Travail et des Services sociaux, explique que les recommandations de l’OMS ont contribué à la mise en place de mesures de quarantaine, et que le personnel des maisons de repos a agi conformément à ces règles. Il a été demandé aux résidents de ne pas sortir et les membres du personnel ont dû travailler suivant un système de rotation fixe de 7, 10 ou 14 jours. « Ils ont généreusement accepté d’être éloignés de leur famille », relève-t-il, « et ceux qui avaient un parent en visite de l’étranger ou des contacts avec une personne infectée se sont vu accorder un congé administratif ».

M. Savaş, qui réside dans l’une des maisons de repos, est conscient des risques énormes posés par la pandémie en Turquie et dans le monde, mais estime que l’on prend bien soin de lui. « Ici, nous sommes protégés par des mesures strictes», souligne-t-il. « Nos contrôles médicaux sont effectués régulièrement et nous ne pourrions pas trouver un lieu plus sûr. Mais j’espère que finalement, tout pourra rentrer dans l’ordre ici. »

Les mesures de quarantaine ont privé les visiteurs d’accès aux maisons de retraite, quoique le personnel ait maintenu des activités telles que les groupes musicaux et proposé un soutien psychosocial aux résidents. « Nous encourageons tous nos citoyens à appeler leurs parents âgés par téléphone », ajoute le docteur Koç, qui pense que « le meilleur remède, aujourd’hui, c’est d’apporter un soutien moral ».

Une surveillance sanitaire 24h/24

Il y a eu d’autres mesures, comme les diagnostics rapides et les dépistages quatre fois par jour dans les maisons de repos. « Nous essayons de limiter les risques au maximum », dit le docteur Koç, précisant que 8 000 personnes travaillent dans des maisons de repos du secteur public, et qu’une recherche minutieuse de tous leurs contacts familiaux et autres est effectuée.

« Nous assurons le dépistage et des contrôles généraux de tout le personnel qui entame ou termine sa période de travail fixe. Nous essayons de contrôler tous les processus pour l’ensemble des déplacements de résidents âgés qui subissent des traitements ambulatoires en dehors de l’établissement, dans des hôpitaux ou des centres de dialyse, par exemple. En outre, nous passons tout l’établissement au peigne fin lorsqu’il y a la moindre suspicion d’infection, et nous assurons une surveillance sanitaire 24h/24.

« Un cas positif pose d’énormes problèmes dans un établissement comme le nôtre, mais il est plus important de veiller à ce que les chiffres n’augmentent pas, d’arriver à le maîtriser. »