Dans un contexte de crise humanitaire, les intervenants qui luttent contre la COVID-19 font preuve d’héroïsme au nord-ouest de la Syrie

WHO/HIHFAD

Le personnel de l’HIHFAD, un partenaire de l’OMS, vérifie la température des personnes qui entrent dans l’établissement et veille à ce qu’elles se désinfectent les mains avant d’entrer.

« Dix ans de crise, les attaques répétées commises à l’encontre des services de soins de santé, le décès et le déplacement des agents de santé et l’augmentation des hostilités fin 2019 ont entravé considérablement la capacité du système de santé à lutter contre la COVID-19 au nord-ouest de la Syrie », a déclaré le docteur Mohamed Altwaish, dentiste de formation et coordinateur de la santé publique pour l’HIHFAD (Hand in Hand for Aid and Development), un partenaire de mise en œuvre de l’OMS dans le nord-ouest de la Syrie.

Depuis l’identification des premiers cas le 9 juillet, la COVID-19 a frappé disproportionnellement les agents de santé qui comptent 23 des 54 cas identifiés signalés à l’OMS (soit 43 %). Cette situation exerce une pression importante sur des infrastructures de santé déjà fragmentées d’un point à l’autre de la Région (on estime que près de 30 % des établissements de santé ne sont pas fonctionnels), notamment dans les gouvernorats d’Idleb et d’Alep, mis à rude épreuve par des années de crise.

Le Dr Mohamed Altwaish souligne le travail essentiel mené par les agents de santé locaux pour mobiliser les actions de préparation et de lutte contre la COVID-19 en collaboration avec le programme des actions d’urgence sur le terrain de l’OMS à Gaziantep (Turquie) et avec la coordination du personnel du groupe de responsabilité sectorielle Santé en Turquie, instauré en mars 2020.

« Avant même que des cas aient été identifiés dans le nord-ouest de la Syrie, les agents de santé mobilisaient sur le plan technique et logistique les efforts de lutte contre la COVID-19 au niveau local », a-t-il déclaré. L’HIHFAD œuvre en étroite collaboration avec l’OMS pour créer des centres d’isolement et de traitement des cas présumés de COVID-19, pour garantir aux agents de santé dans tous les services de santé l’accès à des équipements de protection individuelle et pour accélérer les formations afin que les agents de santé communautaires délivrent des conseils en matière de santé publique.

Le Dr Altwaish a également pour mission de diriger ces actions de formation. « Je dispense des formations sur une journée aux agents de santé communautaires dans l’objectif d’intégrer les communautés locales dans les efforts de prévention de la COVID-19 et de leur fournir des compétences pour former à leur tour le personnel non médical à la diffusion et à la transmission de ces messages ».

Les agents de santé ont joué un rôle essentiel dans la sensibilisation des communautés à la menace croissante que constitue la COVID-19, un des aspects les plus difficiles des activités de préparation et d’intervention dans le nord-ouest de la Syrie.

« Les agents de santé ont beaucoup de difficultés à se faire entendre des communautés locales, en particulier en ce qui concerne le port du masque et la distanciation sociale », a déclaré le Dr Altwaish. « La stigmatisation a posé problème dès le départ, notamment quand le premier cas a été diagnostiqué au sein du personnel de santé. Les gens ont commencé à penser que les agents de santé avaient forcément la COVID-19 ». Il a souligné la pression psychologique exercée en conséquence sur les agents de santé pour garantir la sécurité de leurs patients tout en continuant à fournir des services essentiels.

La protection des agents de santé demeure une priorité pour l’OMS et les partenaires locaux de mise en œuvre dans le nord-ouest de la Syrie. Les attaques à l’encontre des services de soins de santé, caractéristique du conflit en Syrie, ont réduit le nombre d’établissements de santé et privé les citoyens de l’accès aux soins médicaux de base. Aujourd’hui, avec l’avancée de la COVID-19, les stigmatisations et les obstacles aux soins s’ajoutent au nombre des défis que doit relever le personnel de santé.

« Quand une infection à la COVID-19 a été diagnostiquée chez un agent de santé, cela a été un avertissement à l’ensemble de la communauté dans le nord-ouest de la Syrie, invitée à mieux se préparer et à planifier pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir ».