Déclaration du docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe 70e session du Comité régional de l’OMS pour l’Europe
Copenhague (Danemark), 14 septembre 2020
Votre Altesse Royale la princesse Mary de Danemark, protectrice de notre Bureau, je vous remercie de votre présence parmi nous.
Monsieur le Ministre de la Santé Dr Alexey Tsoy, président de la 70e session du Comité régional de l’Europe,
Monsieur le Ministre de la Santé et des Personnes âgées du Danemark, M. Magnus Heunicke, président sortant de la 69e session du Comité régional,
Dr Søren Brostrøm, président exécutif du Comité régional,
Mon cher Grand Frère, Dr Tedros,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, cela fait 1 an jour pour jour que vous m’avez accordé votre confiance en tant que nouveau directeur général. Je me suis engagé à honorer votre vote politique en mettant rapidement en œuvre mes engagements de campagne par la réorganisation du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe afin de mieux répondre aux besoins de chacun des 53 États membres de la Région européenne.
Dès la confirmation de ma désignation par le Conseil exécutif, j’étais prêt à appliquer mes plans avec une précision presque militaire. Puis un événement énorme s’est produit : la flambée épidémique de COVID-19. L’Europe était à l’épicentre d’une pandémie aux répercussions planétaires.
Si j’ai décidé sans tarder de prendre personnellement la direction de la riposte européenne de l’OMS à la COVID-19, en même temps, je ne pouvais me permettre de différer mes engagements envers vous. Et je n’ai pu y parvenir que grâce à la détermination indéfectible de l’ensemble de mon personnel, en particulier des chefs des bureaux de pays et de leurs fantastiques équipes, et grâce au recrutement transparent et rapide d’une équipe de direction entièrement nouvelle. Et je suis très fier d’eux.
Dans ce contexte, mon allocution d’ouverture se composera de 2 volets. Le premier volet porte sur la préparation de l’avenir au-delà de la COVID-19 et le second, sur la riposte du Bureau régional à la COVID-19.
Je ne vous énoncerai pas la longue liste de défis auxquels nous sommes confrontés en matière de santé et de bien-être dans la Région. Une excellente publication sur les indicateurs fondamentaux de la santé a été publiée afin de décrire la situation sanitaire actuelle. Je vous demande de bien vouloir comprendre que cette année constitue en fait une sorte d’année de transition. Je vous promets que l’an prochain, nous disposerons d’un tableau de bord conforme au cadre de suivi et d’évaluation des objectifs du triple milliard du Programme général de travail de l’OMS (GPT), et adapté au Programme de travail européen (PTE), une fois qu’il sera approuvé.
Comment avons-nous préparé l’avenir au-delà de la COVID-19 ? À travers 3 axes principaux :
- maintien d’un contact direct avec chaque pays pour une riposte plus ciblée ;
- renforcement des partenariats avec d’autres organisations œuvrant dans la Région ;
- restructuration du Bureau régional pour qu’il soit adapté à ses objectifs.
Concernant le premier axe, j’ai maintenu le contact direct que j’ai établi avec chaque pays pendant mon marathon de campagne avec le généreux soutien du gouvernement belge. Grâce aux missions sur le terrain et aux technologies numériques, nous avons renforcé nos relations avec les ministères de la Santé, les ministères des Affaires étrangères, les responsables de la santé et les professionnels de santé à tous les niveaux. Au-delà des statistiques et des données quantitatives, ce contact direct nous a permis de bien comprendre les caractéristiques sociales, économiques, culturelles et politiques qui sont si importantes pour les politiques de santé.
Dès la confirmation de ma désignation à Genève en février, et avant de réintégrer le Bureau régional, j’ai effectué mes premières missions dans les pays. Je tiens à remercier le docteur Alisher Shadmanov, ministre ouzbek de la Santé, et le docteur Eljan Birtanov, ex-ministre kazakh de la Santé, de m’avoir si chaleureusement accueilli.
Ensuite, je me suis immédiatement rendu dans les Balkans occidentaux, une autre sous-région très importante, et je remercie beaucoup le docteur Zlatibor Lončar de Serbie et le docteur Venko Filipce de Macédoine du Nord de m’avoir reçu au niveau présidentiel. Avec votre soutien, nous avons abordé sans attendre, avec les chefs d’État, les questions les plus importantes, comme la lutte antitabac et la pollution de l’environnement, dans le cadre d’une discussion ouverte, franche et amicale.
De plus en plus, nous avons travaillé à l’élaboration d’une approche sous-régionale afin de maximiser l’impact dans les pays grâce, notamment, à la tenue de nos vidéoconférences bimensuelles avec les pays baltes. Un grand merci aux ministres de la Santé d’être toujours présents à nos très fructueuses vidéoconférences qui, à votre demande, seront poursuivies. Il en va de même pour les pays des Balkans et de Visegrad, les républiques d’Asie centrale et la Fédération de Russie et, bien sûr, les petits États, des États qui me sont d’ailleurs très chers. En même temps, il est toujours essentiel d’adopter une pleine dimension paneuropéenne dans notre Région, sa diversité constituant un atout pour assurer la solidarité et procéder à un échange de connaissances.
En ce qui concerne le deuxième axe qui consiste à préparer l’avenir au-delà de la COVID-19, en renforçant les partenariats avec d’autres organisations œuvrant dans la Région, il est crucial de lutter contre toutes les autres épidémies en cours : les maladies non transmissibles (MNT), la tuberculose multirésistante et le VIH, ainsi que la pollution de l’environnement et le changement climatique, les activités du Centre européen de l’environnement et de la santé de l’OMS jouant d’ailleurs un rôle fondamental à cet égard. Le travail du Bureau de l’OMS pour le renforcement des systèmes de santé à Barcelone, quant à lui, est essentiel pour lutter contre l’importante épidémie des paiements directs à la charge du patient. Nous voyons toujours à travers le prisme des inégalités et des questions de genre, un domaine où le Bureau européen d’investissement pour la santé et le développement de l’OMS a, en particulier, un rôle très important à jouer.
Je voudrais remercier mes collègues du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et de GAVI, l’Alliance du vaccin, pour avoir renforcé notre collaboration, une collaboration qui se développe de plus en plus à travers les partenariats sous-régionaux.
Je tiens ici à remercier le docteur Ogtay Shiraliyev, ministre de la Santé d’Azerbaïdjan, mon excellent ami, le ministre de la Santé de la Région qui compte le plus d’ancienneté, de m’avoir invité aux réunions des responsables de la santé du Conseil turcique, avec lequel nous avons d’ailleurs signé un protocole d’accord la semaine dernière, ainsi qu’aux réunions du Mouvement des pays non alignés.
Encore une fois, un grand merci au docteur Shadmanov de m’avoir invité aux réunions du Conseil de coopération sanitaire de la Communauté des États indépendants.
Merci au premier ministre du Monténégro qui, à ma demande, a immédiatement organisé une réunion des chefs de gouvernement de l’Initiative centre-européenne, 18 pays membres et non membres de l’Union européenne (UE), sur la riposte à la COVID-19.
La semaine dernière, nous avons décidé avec le docteur Mira Dasic de renforcer notre collaboration avec le Réseau-santé de l’Europe du Sud-Est. Je dis aussi spasibo bolshoe au docteur Mikhail Murashko, ministre de la Santé de la Fédération de Russie, pour m’avoir permis de prononcer le discours-programme lors d’une réunion très impressionnante des responsables de la santé de l’Organisation de coopération de Shanghai. Les partenariats à l’Est sont en effet très importants.
Je suis profondément touché que nous soyons entrés dans une toute nouvelle phase de coopération avec l’UE et la Commission européenne. Avant même la pandémie de COVID-19, ce processus de rapprochement entre le Bureau régional et la Commission européenne était en cours dans le domaine de la santé, mais aussi dans les domaines des technologies numériques et de la coopération de voisinage et de développement.
Je remercie chaleureusement la commissaire de l’UE chargée de la santé et de la sécurité alimentaire, le docteur Stella Kyriakides. Dès le premier jour de notre rencontre dans votre bureau, nous avons décidé d’opter pour une collaboration très pragmatique et très concrète dépassant le cadre de la traditionnelle signature de documents théoriques. Merci à votre équipe d’avoir élaboré une déclaration commune, prête aujourd’hui, et d’aborder continuellement les questions dans une perspective paneuropéenne, notamment l’accès à un vaccin contre la COVID-19 dans les pays non membres de l’UE.
Avec le docteur Andrea Ammon, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, nous travaillons à un accord innovateur, avec pour objectif ultime de garantir une sécurité sanitaire paneuropéenne au profit des États membres desservis par nos deux organisations. En fin de compte, nos organisations s’en trouveront aussi renforcées.
Récemment, j’ai eu l’occasion d’exprimer ma détermination à engager une collaboration historique avec l’UE et la Commission européenne lors de la réunion informelle des ministres de la Santé de l’UE, présidée par le ministre allemand de la Santé, le docteur Jens Spahn. Danke schön, Dr Spahn, pour votre leadership, aux côtés du ministre français de la Santé, le docteur Olivier Véran, afin de renforcer le rôle de l’Europe dans le domaine de la santé mondiale ainsi que la gouvernance mondiale de l’OMS.
Premier axe : maintien d’un contact direct avec chacun des 53 États membres afin d’adapter notre intervention. Deuxième axe : renforcement des partenariats avec d’autres organisations. Troisième axe : restructuration du Bureau régional.
Le conseil le plus fréquent que j’ai reçu de mes collègues du Siège de l’OMS était le suivant : si tu commences une transformation, tu dois la terminer dans un temps limité afin de préserver la productivité et réduire l’anxiété et les perturbations occasionnées. Les 2 critères qui ont guidé la restructuration ont été la transparence et la consultation.
Nous nous sommes fixé 3 objectifs : restructurer le travail du Bureau régional afin de l’aligner sur le PGT et le projet de PTE, exercer un impact dans les pays et parvenir à un équilibre budgétaire. Ce dernier objectif témoigne d’un engagement ferme à maîtriser vigoureusement le déficit chronique dès ma prise de fonction. Certes, le défi est de taille, y compris avec la COVID-19. Mais je dispose d’excellentes recommandations sur la manière d’y parvenir, un manuel en quelque sorte, à savoir le rapport de la réunion du Comité du programme, du budget et de l’administration du Conseil exécutif, organisé en février sous la présidence de M. Björn Kümmel.
J’ai immédiatement réduit le nombre de divisions techniques de 5 à 3 pour diminuer le cloisonnement de nos activités. J’ai réduit le nombre de directeurs techniques de 9 à 6, et le nombre de directeurs régionaux adjoints de 1 à 0. En fait, j’ai suivi le conseil d’un excellent ami qui occupe le poste de secrétaire général dans un des pays scandinaves. Il m’a dit : « Hans, tu n’as pas besoin d’un adjoint les premières années. » Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu, « pour deux raisons. Premièrement : ça te permettra de connaître l’Organisation dans ses moindres détails : personne ne pourra te tromper. Et deuxièmement : si tu as un adjoint, après 6 mois, cette personne te demandera pourquoi elle n’occupe pas le poste de directeur régional. »
J’ai donc suivi le conseil. Je lui ai ensuite demandé : « comment faire ? » Il m’a dit : « c’est très simple : les 2 premières années, la seule chose que tu dois faire est de travailler un peu plus dur. » Et grâce à ma fantastique famille, j’ai décidé de travailler un peu plus dur pendant ces premières années.
Pour respecter mon engagement envers le personnel, nous avons terminé le processus de recrutement d’un médiateur à 100 %. Une première.
Les 3 divisions techniques sont la Division des politiques et systèmes de santé des pays, dirigée par le docteur Natasha Azzopardi-Muscat ; la Division du soutien aux pays, de la préparation et de l’action face aux situations d’urgence, qui est au cœur du PGT et du projet de PTE, dirigée par le docteur Gundo Weiler ; et la Division des programmes de santé des pays, dirigée par le docteur Nino Berdzuli.
Avec le docteur Mike Ryan, nous avons décidé de riposter à la COVID-19 en nommant le docteur Dorit Nitzan au poste de directrice pour les situations d’urgence régionales, avec toute l’expérience dont elle dispose. Je citerai également la Division des opérations institutionnelles, aux fonctions d’appui, abrégée en « BOS » avec 1 « s » et non 2, même si je prononce toujours « boss », car elle est dirigée par M. David Allen. M. Robb Butler a été nommé directeur exécutif du Bureau du directeur régional. Mme Oxana Domenti, quant à elle, dirige actuellement le très important bureau de l’OMS auprès de l’UE à Bruxelles qui, d’ailleurs, est en plein essor. Je m’étais engagé auprès du personnel à désigner un conseiller spécial pour la transformation et le développement organisationnel afin d’éradiquer toute forme de harcèlement. J’ai tenu parole, et Mme Gabrielle Jacob a été nommée à ce poste.
La décision la plus importante a peut-être été de désigner un représentant de l’OMS au sein du Conseil exécutif. La désignation d’un tel représentant a d’ailleurs permis de faire diminuer de manière spectaculaire le taux d’échec de la mise en œuvre des politiques de ce Bureau. Et c’est le docteur Melita Vujnovic, du plus grand État de la Région, la Fédération de Russie, qui assume cette fonction.
Toutes les deux semaines, j’organise une vidéoconférence avec les 31 chefs des bureaux de pays afin de me tenir au courant de leurs activités. Une boîte aux lettres électronique baptisée « Ask Hans » (Posez la question à Hans) a été créée afin que les membres du personnel puissent envoyer leurs doléances, mais aussi leurs innovations, en tout anonymat et en toute sécurité. N’oublions pas que les innovations viennent de la base, et c’est pourquoi je plaide pour un organigramme plat.
Je n’aurais rien pu faire, et je ne serais jamais allé aussi loin, sans l’excellente relation que j’entretiens avec l’Association du personnel de l’OMS/Europe. Je tiens à rendre hommage à son président, Shahin Huseynov, et à sa vice-présidente, Kitty Rasmussen, pour leur rôle de point de contact entre la direction et le personnel en cette période, je le reconnais, empreinte d’incertitude.
Tel était le premier volet de mon discours : préparer l’avenir, maintenir un contact direct avec les pays, renforcer les partenariats avec les organisations, réorganiser le Bureau régional.
J’en viens maintenant au second volet de mon discours : la riposte à la COVID-19.
Toutes les catastrophes ont leurs victimes et leurs héros. Je tiens à présenter mes condoléances aux victimes, à leurs familles et à leurs communautés qui ont été bien trop durement touchées par la COVID-19. Hier, nous comptions 225 665 décès dus à la COVID-19 confirmés en laboratoire, et 4 816 000 cas confirmés en laboratoire.
Cela représente 25 % de la charge mondiale de mortalité et 17 % de la charge mondiale de morbidité. Mais un nombre encore plus important de personnes ayant survécu à la maladie ont dû apprendre à vivre avec ce que nous appelons une « longue COVID ». On peut en effet souffrir d’un dérèglement physique pendant des mois.
Ceux qui n’ont jamais été atteints d’anxiété ou de dépression auparavant en souffrent désormais. Nous étudions actuellement ce phénomène afin de mieux vous servir, vous les États membres. Merci, Pr Martin McKee de la London School of Hygiene and Tropical Medicine de nous soutenir dans ce travail.
Les héros sont sans conteste les travailleurs sociaux et les personnels de santé qui ont sacrifié leur propre vie pour protéger la société, mais aussi tous les autres travailleurs de première ligne, comme les enseignants, à qui je dois un grand respect, et qui ont fait fonctionner la société. Le monde entier a reconnu leur mérite et leur bravoure.
Nos efforts de lutte contre la COVID-19 reposent sur 3 grands axes :
- apporter à chaque pays le soutien spécifique qu’il a demandé au Bureau régional ;
- rassembler les énergies ;
- tirer les enseignements, non pas pour l’avenir, mais pour le présent.
Premier axe : apporter aux 53 États membres le soutien ciblé qu’ils ont chacun demandé. Notre aide a consisté à diffuser en temps réel les connaissances disponibles sur chaque aspect de la pandémie. Avec le soutien de la Commission européenne et de l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, et de son directeur, le docteur Josep Figueras, nous avons rapidement mis en ligne le Moniteur de la riposte des systèmes de santé qui documente les mesures prises par tous les pays avec une composante analytique.
Chaque fois que l’on constatait une lacune dans les recommandations normatives, nous sommes intervenus et nous l’avons comblée. Je citerai à titre d’exemple les options politiques que nous vous avons présentées, à vous les États membres, afin de réaliser progressivement et en toute sécurité la transition post-confinement, ou la conférence que nous avons organisée le 31 août avec mon excellent ami le ministre italien de la Santé, le docteur Roberto Speranza, sur la sécurité dans les écoles en période de COVID-19, dont le cadre a été publié aujourd’hui. Cette semaine sont présentés les projets d’options politiques sur la grippe pendant la pandémie de COVID-19, et nous remercions le docteur Clemens Auer, envoyé spécial de l’Autriche pour la santé, d’avoir lancé cette initiative avec nous.
Il s’agit là d’exemples de soutien normatif, mais le cœur de notre action a toujours été et sera toujours le soutien aux pays. Malgré les énormes difficultés rencontrées en termes de transport, de contrôle douanier et de confinement, nous avons mené à bien 120 missions dans les pays afin de les aider à évaluer les risques et à adapter les politiques au contexte local.
Je me suis rendu moi-même en Turquie. Je suis allé à Gaziantep lorsque nous avons envoyé des convois médicaux aux réfugiés du nord-ouest de la Syrie dans le but de ne laisser personne de côté. Je me suis rendu dans des cliniques de soins de santé primaires où j’ai été, d’ailleurs, particulièrement surpris. Je me suis entretenu avec du personnel infirmier, des médecins, des travailleurs sociaux, des réfugiés syriens qui ont été formés, accrédités et recrutés par le gouvernement turc pour dispenser des services centrés sur la personne, des services tenant compte des questions de genre et des différences linguistiques. Jamais je n’avais vu ça de ma vie.
Le projet du Partenariat oriental, généreusement financé par la Commission européenne, a permis à ce Bureau d’acheter des équipements de protection individuelle d’une valeur de 13 millions d’euros sur 5 mois, ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Le projet s’étend maintenant aux Balkans occidentaux et aux pays d’Asie centrale, et comprend un volet consacré aux systèmes de santé et aux fonctions essentielles de santé publique. Je tiens à remercier tous les ambassadeurs de l’UE dans ces pays pour leur admirable collaboration.
Comme mes messages sur les médias sociaux le laissent entendre, je mets un point d’honneur chaque jour à m’entretenir avec les ministres de la Santé, les ministres des Affaires étrangères, les ambassadeurs, les professionnels de santé et les patients. Avec mon frère, le docteur Tedros, nous nous sommes également entretenus avec le président du Bélarus et le président du Turkménistan en vue de procéder à un échange de données probantes au niveau international.
Toutes les 2 semaines, nous organisons des points de presse et, pour la première fois dans notre histoire, nous avons tenu des points de presse entièrement en russe. Comme beaucoup d’entre vous le savent, ni mon personnel ni moi-même ne refusons jamais lorsque vous nous demandez de soutenir votre leadership en matière de santé en participant à des interviews télévisées ou sur les médias nationaux.
Je me permets ici de saluer le Comité permanent du Comité régional (CPCR), son président, le docteur Søren Brostrøm, et sa vice-présidente, le docteur Iva Pejnovic Franelic. Notre Bureau et moi-même pouvons toujours compter sur vous. Rappelez-vous l’engagement que j’ai pris il y a 1 an, à savoir que je ferais preuve de transparence et de responsabilité dans mon travail.
Il s’agit de la plus grande restructuration jamais entreprise dans l’histoire du Bureau régional, et vos conseils et vos paroles rassurantes quant à la direction que nous avons prise ont été pour moi des plus importants. Nous avons organisé avec le président et la vice-présidente deux réunions spéciales du CPCR.
Tel est le premier axe de la riposte à la COVID-19 : apporter à chaque pays le soutien spécifique qu’il nous a demandé.
Le deuxième axe s’inspire de mon expérience de coureur de marathon. Car ce n’est pas un sprint, mais bien un marathon : nous devons rassembler les énergies. Et nous savons qu’en temps de crise, quand une unité d’action pour une meilleure santé s’impose tellement, un réflexe naturel est de se tourner vers soi-même. C’est pourquoi nous avons renforcé nos relations au sein de l’Organisation, avec le Siège et avec les 5 bureaux régionaux. Je remercie énormément les autres directeurs régionaux – nous constituons un superbe groupe qui communique continuellement. Je vous remercie aussi pour le soutien que vous m’apportez en tant que nouveau directeur régional.
Et, bien sûr, merci au docteur Tedros d’être toujours là pour moi, surtout le dimanche. Je le remercie également de comprendre que je peux avoir de temps en temps mon propre avis, car mon intérêt est de défendre les 53 États membres européens, bien sûr, dans un esprit de solidarité mondiale.
Je remercie le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le président de la Banque mondiale et le directeur régional de la Banque mondiale qui n’ont pas tardé à réagir très positivement au projet de PTE et à notre démarche de collaboration.
Toutes les deux semaines, une réunion est organisée avec les 24 agences des Nations Unies, les directeurs régionaux actifs dans la Région, en particulier en Europe de l’Est et en Asie centrale, une initiative particulièrement importante pour réaliser la santé dans toutes les politiques. Je les remercie tous. Dès le début, nous avons rédigé une lettre conjointe avec la directrice régionale pour l’Europe et l’Asie centrale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme Afshan Khan. Merci beaucoup pour cette excellente collaboration au regard de l’avantage comparatif qui la caractérise, à savoir le travail normatif de l’OMS, et l’expérience de l’UNICEF en matière d’achats.
Nous avons engagé une collaboration très étroite avec les 17 coordinateurs résidents des Nations Unies au niveau des pays qui aident à faire de la santé l’une des principales priorités du cadre commun de développement durable des Nations Unies et ce, dans le contexte du plan mondial visant à garantir une vie en bonne santé et le bien-être pour tous à travers la Coalition thématique sur la santé.
Enfin, nous avons renforcé nos relations avec les patients et les organisations de patients, notamment pour les maladies rares, avec la société civile et les associations de santé publique, avec l’Organisation mondiale des médecins de famille, et avec les médecins, le personnel infirmier et les sages-femmes, qui me sont d’ailleurs très chers. Sans vous, sans la société civile, il n’est pas possible de ne laisser personne de côté.
Le premier axe de la riposte à la COVID-19 : apporter un soutien direct et adapté aux pays. Le deuxième axe : rassembler les énergies. Et le troisième : tirer les enseignements.
Cette pandémie a permis de déceler les points forts et les points faibles de la société européenne. Elle a mis en évidence la réalité de nos systèmes de santé européens. Nous ne pouvons attendre que soit réalisé un examen a posteriori. La grippe approche, les écoles rouvrent et l’année scolaire commence. L’hiver est aussi synonyme de surmortalité chez les personnes âgées. Nous devons en tirer les leçons pour le présent, et c’est pourquoi, en tant que Bureau, nous avons effectué un examen immédiat des actions en cours qui nous a permis de tirer 3 grands enseignements, lesquels sont évoqués dans le rapport du directeur régional.
Le premier grand enseignement : l’instauration de systèmes de santé nationaux solides permet de renforcer la sécurité sanitaire nationale. La pandémie nous a douloureusement rappelé l’urgence de mettre en œuvre la déclaration d’Astana sur les soins de santé primaires. Aucune pandémie n’a pu être vaincue uniquement par les hôpitaux, et nous devons de toute urgence enlever la pression exercée sur nos précieux médecins et infirmiers exerçant en milieu hospitalier afin d’éviter qu’ils ne subissent un épuisement professionnel avant l’hiver.
La prestation de soins de santé primaires centrés sur la personne, en assurant les fonctions essentielles de santé publique dans le continuum des soins, constitue la meilleure approche pour nous protéger face aux situations d’urgence, réduire les inégalités et protéger les pauvres et les personnes vulnérables. Je voudrais ici saluer le Kazakhstan et le docteur Alexey Tsoy qui ont déjà réfléchi avec nous à la manière de lancer un processus de 5 ans en vue de préparer la nouvelle voie à suivre en matière de soins de santé primaires, à l’adresse des États membres et en collaboration avec ceux-ci, par l’intermédiaire du Bureau géographiquement dispersé (GDO) d’Almaty pour les soins de santé primaires.
Il ne peut y avoir de santé sans personnels de santé. Leurs mérites ont été reconnus à l’échelle mondiale, ce qui leur promet un nouvel avenir moral et matériel à la hauteur de leurs responsabilités. Et je salue ici le personnel infirmier et les sages-femmes. Cette année est votre année. Mais vous avez été si occupés que dans la Région européenne de l’OMS, j’ai décidé de prolonger cette année jusqu’en 2021. Nous vaincrons la COVID-19 et je vous le promets : nous vous célébrerons.
Nous avons constaté le potentiel presque infini des innovations numériques tant dans le domaine des soins de santé que dans celui de la santé publique. Mais ces technologies sont aussi sources de défis, notamment en termes de gouvernance des données sanitaires et de pauvreté numérique. L’OMS défendra toujours avec vigueur les droits de l’homme, l’égalité des sexes et l’équité en ne laissant personne de côté.
Mesdames et Messieurs, le retard inattendu dans la prise en charge des maladies chroniques constitue le sombre chapitre de cet examen des actions en cours.
Soixante-huit pour cent des États membres ont fait état de perturbations dans les services destinés aux patients atteints de MNT, notamment la surveillance de l’hypertension et du diabète et le dépistage du cancer. Certains pays prévoient une augmentation de 10 % de la mortalité évitable due au cancer du sein, ou de 15 % de la mortalité évitable due au cancer du côlon.
Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. Je tiens à remercier le docteur Mikhail Murashko, ministre de la Santé de la Fédération de Russie, de m’avoir invité la semaine prochaine, juste après le Comité régional, à l’occasion de ma première visite officielle dans la capitale russe, en vue de nous réunir et de renforcer davantage les activités et le profil du très important GDO sur les MNT de Moscou, et de lancer 5 années de réflexion nouvelle sur la manière d’atteindre les cibles liées aux MNT conformément aux objectifs de développement durable (ODD).
En ce qui concerne la vaccination, la situation est la même. Six pays de la Région, représentant 22 % de l’ensemble de la population de nourrissons, ont signalé une interruption de leurs activités de vaccination systématique.
En ce qui concerne la tuberculose, en mai 2020, 28 pays ont signalé une diminution de la notification des cas de 50 %. Cela signifie que la double approche des systèmes de santé est très importante.
Et encore une fois, nous avons de bonnes nouvelles. Il y a 4 jours, j’ai inauguré, avec le docteur Fahrettin Koca, ministre de la santé de Turquie, le nouveau GDO sur la préparation aux situations d’urgence humanitaire et sanitaire à Istanbul. L’événement a eu lieu sous format virtuel à partir de 4 sites. Dr Koca, je sais que vous nous suivez. À vous et à votre merveilleuse équipe : teşekkür ederim !
Le premier axe de la riposte à la COVID-19 : apporter un soutien aux pays. Le deuxième axe : rassembler les énergies. Le troisième axe : tirer les enseignements.
Le premier enseignement : renforcer les systèmes de santé pour renforcer la sécurité sanitaire. Le deuxième enseignement : la solidarité est la clé du succès. Personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité. Je ne cesse de le répéter : si la solidarité ne vient pas du cœur, qu’elle vienne au moins de l’entendement. Les exemples les plus forts de solidarité que j’ai pu constater proviennent des populations locales, des voisins qui tendent la main aux plus âgés et aux personnes souffrant de troubles mentaux.
Je suis très reconnaissante à Sa Majesté la Reine Mathilde des Belges, qui s’adressera à vous, le Comité régional, en sa qualité de porte-parole des ODD, et qui se fera l’avocate de la Coalition sur la santé mentale, une initiative phare.
Rappelons-nous qu’au début de la pandémie, l’accès aux équipements de protection individuelle fut un énorme problème. Nous savons désormais qu’il faut mettre en place des structures de coopération internationale en temps de paix afin qu’elles puissent être automatiquement opérationnelles en temps de guerre. Nous connaissons désormais l’importance de constituer un stock en prévision d’une pandémie, notamment pour les petits États.
Le Règlement sanitaire international (2005) a permis à l’OMS d’intervenir rapidement au niveau mondial. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Mais il reste soumis aux compétences nationales de base pour la mise en œuvre de ses obligations. Cet instrument mérite en outre un examen critique. Comme je l’explique presque tous les jours à mes 2 adolescentes, la force de l’OMS dépend de l’autorité que lui confèrent ses États membres. Et soyez assurés, Mesdames et Messieurs, Excellences, du plein soutien de ce Bureau pour contribuer de la manière la plus positive possible au Groupe indépendant de l’OMS sur la préparation et la riposte à la pandémie. J’ai déjà eu une excellente discussion avec le docteur Anders Nordström, président du secrétariat.
Le troisième enseignement, et peut-être le plus important, est la prise de conscience générale de la relation réciproque entre la santé et l’économie, ce qui est fondamental si nous voulons instaurer une économie du bien-être. Si ce n’est une surprise ni pour vous, ni pour moi, j’ai constaté que cela avait en revanche très largement surpris de nombreux décideurs et responsables politiques dans d’autres secteurs que celui de la santé. Et c’est la raison pour laquelle, après avoir informé le CPCR, j’ai créé la Commission paneuropéenne de la santé et du développement durable en vue de repenser les priorités politiques à la lumière des pandémies.
Je suis très honoré que le professeur Mario Monti, président de l’université Bocconi de Milan, ex-premier ministre italien, ex-commissaire de l’UE, ait accepté de présider cette commission de très haut niveau. Merci, Pr Monti, de vous adresser au Comité régional plus tard dans la journée, et merci également au Pr Elias Mossialos, envoyé spécial du premier ministre grec pour la COVID-19 de la London School of Economics and Political Science, d’avoir été le coordinateur scientifique, en faisant le lien avec le comité consultatif scientifique qui soutient la Commission.
Chers collègues, je peux vous assurer que tous ces enseignements ont été intégrés dans le projet de PTE.
Permettez-moi de conclure sur une note un peu personnelle. Cette pandémie m’a fait comprendre l’importance fondamentale de la confiance dans la gestion d’une crise. La crise m’a donné l’occasion d’approfondir mes relations avec un grand nombre de personnes dans vos pays, au sein de l’OMS, dans d’autres organisations, de mieux nous connaître mais surtout de travailler plus efficacement afin d’améliorer l’impact dans les pays.
En tant qu’organisation, l’OMS traverse des temps difficiles et, en m’adressant à vous, je fais appel à cette confiance mutuelle pour surmonter et nous aider à surmonter ces temps difficiles. J’espère sincèrement que l’évaluation de l’OMS et de ses activités sera menée dans un esprit de compréhension mutuelle des mandats de chacun, afin que vous, les États membres, vous sentiez en sécurité avec nous et qu’en retour, nous, à l’OMS, nous ressentions votre soutien pour mener à bien notre noble mission, à savoir améliorer la santé et le bien-être de tous, à tout âge, sans laisser personne de côté.
La Région européenne de l’OMS a subi, à des moments critiques de son histoire, des transformations sociales de grande ampleur pour mieux reconstruire et servir d’exemple au reste du monde. Et le succès de ces transformations dépendait de 4 ingrédients. Nous en avons déjà 2 : la nécessité et l’innovation. Ce dont nous avons tous besoin désormais, c’est de courage et de collaboration.
Je vous remercie.