La scolarisation à l'ère de la COVID-19 : allocution inaugurale lors de la réunion de haut niveau sur le maintien des écoles ouvertes et la protection de tous les enfants face à la recrudescence des cas de COVID-19
Allocution inaugurale du docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, lors de 2e réunion de haut niveau organisée par le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe et le ministère italien de la Santé
8 decembre 2020
Monsieur le Ministre,
Malika, Frida, Emilia [conseillères des jeunes auprès du groupe consultatif technique],
Chers États membres, partenaires et collègues,
Beaucoup de choses ont changé depuis notre dernière réunion en août. En cette nouvelle année scolaire, et après avoir connu un confinement total au début de cette crise, nous avons vu des enfants retourner dans des écoles réouvertes, un acte à la fois courageux et positif. Nous possédons également des connaissances plus sophistiquées sur le virus, et nous avons commencé à nous préparer à un automne et un hiver que nous savions compliqués.
Aujourd’hui, l’Europe est à nouveau l’épicentre de la pandémie. Mais alors que nous sommes aux prises avec une recrudescence de cas, nous affirmons désormais avec certitude que la fermeture des écoles doit être une mesure de dernier recours.
Les fermetures d’écoles et les mesures comme l’enseignement à distance peuvent avoir un effet négatif sur les résultats scolaires des enfants à long terme. Les enfants handicapés sont encore plus désavantagés par ces fermetures et les mesures d’enseignement à distance qui ne peuvent répondre à leurs besoins. Nous devons à la prochaine génération, en particulier les personnes en situation de vulnérabilité, de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire les vulnérabilités et pour garantir un enseignement en présentiel.
Comme de plus en plus d’éléments de preuve permettent de l’attester, le fait de cibler la transmission dans nos communautés permettra de lutter contre le risque de transmission dans les écoles. Si des mesures appropriées et cohérentes sont mises en place, les écoles ne présentent pas un risque d’infection plus important pour les enfants, les enseignants et les autres membres du personnel scolaire que tout autre lieu public.
Le groupe consultatif technique nous a délivré quelques recommandations utiles que nous continuerons à suivre pour éclairer notre plaidoyer et nos interventions.
- Si les enfants ne sont pas les moteurs de cette pandémie, ils risquent d’en être les principales victimes. Bien que les enfants soient largement épargnés par les effets directs de la COVID-19 sur la santé, les mesures mises en place pour endiguer la pandémie ont un impact profond sur leur santé et leur bien-être.
- Garantir la présence physique des enfants et des adolescents à l’école doit être au centre des considérations politiques pour la prochaine année scolaire. Cette réunion doit convenir de mesures permettant de parvenir à cet objectif en toute sécurité sans causer de préjudice supplémentaire aux enfants.
- Les approches de santé publique doivent contrebalancer tous les effets engendrés par les mesures. Nous devons surveiller attentivement nos actions et les adapter à mesure que de nouveaux éléments de preuve sont disponibles afin de ne pas faire plus de mal que de bien.
Tous ces efforts doivent particulièrement cibler les enfants en situation de vulnérabilité. Ces derniers continuent d’être touchés de manière disproportionnée par la pandémie et par les fermetures d’écoles qui s’ensuivent. J’espère qu’aujourd’hui, nous concentrerons nos efforts afin de réduire autant que possible l’impact sur leurs résultats sanitaires à long terme, et de définir des stratégies solides et durables visant à combler la fracture numérique et à relever d’autres défis spécifiques auxquels ils sont confrontés en matière d’apprentissage.
Ce forum est important pour la Région européenne de l’OMS alors que nous continuons de faire face à la crise. Je tiens à remercier le ministre Speranza d’avoir mené cette initiative, et les membres du groupe consultatif technique d’avoir fourni les données probantes relatives à cette problématique importante. Je tiens à remercier tout particulièrement nos conseillères des jeunes pour leur contribution et leur engagement essentiels en faveur d’une scolarisation en toute sécurité dans notre Région.
Une occasion importante se présente désormais à nous, à savoir mettre en place une coalition dans nos États membres en vue d’éclairer nos actions et d’avancer ensemble afin de prendre les meilleures mesures possibles pour tous, en particulier nos enfants et nos jeunes. Ne manquons pas à nos engagements envers la prochaine génération.
Je vous remercie.