Augmentation continue des cas de VIH en Europe : la Région européenne de l’OMS lance un nouveau plan d’action afin de maîtriser l’épidémie

Copenhague, 30 novembre 2011

Selon un nouveau rapport de surveillance présenté aujourd’hui, l’épidémie de VIH n’a pu encore être maîtrisée. En effet, plus de 118 000 cas ont été diagnostiqués en Europe en 2010, d’après de nouvelles statistiques provenant de 51 des 53 États membres de la Région européenne de l’OMS publiées aujourd’hui par l’OMS/Europe et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Plus des trois quarts des nouvelles infections signalées concernent la partie orientale de la Région.

Le nombre total de cas de VIH notifiés en Europe a été multiplié par 2,5 depuis 2001. Selon le nouveau rapport, un total cumulé de 712 477 infections à VIH a été signalé à l’OMS/Europe et à l’ECDC à la fin de 2010. En outre, au moins 500 000 cas ont été diagnostiqués en Fédération de Russie, et près de 180 000 cas de sida ont été diagnostiqués dans les pays n’ayant pas collecté de données sur la surveillance du VIH avant 2002-2004 (Espagne, France et Italie). Le total cumulé de cas de VIH diagnostiqués dans la Région peut par conséquent être estimé à environ 1,4 million.

Face à cette augmentation alarmante, les 53 États membres de la Région ont approuvé le nouveau Plan d’action européen en matière de VIH/sida 2012-2015, d’ailleurs présenté officiellement aujourd’hui.

« Les activités actuellement mises en œuvre afin de réduire les taux d’infection à VIH ne suffisent pas pour lutter contre cette épidémie en Europe et pour renverser la tendance. Nous devons en premier lieu nous pencher sur les personnes les plus à risque étant donné qu’elles sont souvent stigmatisées et exclues des services de santé et d’autres services sociaux, notamment ceux dispensant un traitement anti-VIH. Je suis ravie que les pays d’Europe se soient engagés en faveur du nouveau Plan d’action européen en matière de VIH/sida. Ce dernier s’attaque en effet à ces problèmes et apporte des solutions globales. Toutes les parties prenantes, y compris les pouvoirs publics et la société civile, au sein comme au-delà du secteur de la santé, ont maintenant l’occasion d’agir », déclare Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe.

Bien que les principaux modes de transmission du VIH varient selon les régions géographiques dans tous les pays d’Europe, le virus touche de manière disproportionnée, les groupes socialement marginalisés (par exemple les migrants) ainsi que les personnes au comportement socialement stigmatisé (par exemple les hommes ayant des rapports homosexuels) ou illégal (par exemple les toxicomanes par voie intraveineuse). Les nouvelles données permettent de confirmer que l’épidémie reste concentrée chez ces populations clés en Europe.

En Europe orientale et en Asie centrale, sur l’ensemble des nouveaux cas notifiés en 2010, 43 % concernaient des toxicomanes par voie intraveineuse, soit un peu moins que la proportion de nouveaux cas signalés chez les personnes infectées à la suite d’un contact hétérosexuel (48 %). Ces dernières années, les pays d’Europe orientale ont observé une augmentation du pourcentage de cas de VIH transmis par voie hétérosexuelle, les toxicomanes par voie intraveineuse en étant l’origine probable ; la proportion de cas chez les hommes ayant des rapports homosexuels est peu élevée et vraisemblablement inférieure à la réalité.

Dans la partie occidentale de la Région, l’épidémie reste concentrée chez les hommes ayant des rapports homosexuels (qui concouraient à 39 % des nouveaux cas diagnostiqués en 2010) et chez les migrants provenant de pays frappés par une épidémie généralisée (qui étaient à l’origine d’au moins un tiers des infections transmises par voie hétérosexuelle).

« Les activités menées conjointement par l’OMS/Europe et l’ECDC afin de collecter et d’analyser les données sur l’épidémie de VIH en Europe ont, une fois encore, révélé des informations utilisables et essentielles pour la prise de mesures aux niveaux national et régional. La collaboration que nous encourageons depuis 2008 se renforce chaque année, et l’accroissement sans précédent du nombre de pays notifiant des données témoigne de ce succès », explique Marc Sprenger, directeur de l’ECDC.

Sous-déclaration des cas de VIH

En raison de la faiblesse de l’accès et du recours au dépistage du VIH et aux services de conseil, en particulier chez les populations les plus exposées au risque d’infection et de transmission, tous les cas ne sont pas diagnostiqués en Europe. Dans les pays d’Europe orientale et d’Asie centrale qui ont fourni des données à l’OMS sur les progrès accomplis en vue de garantir l’accès universel aux services de prévention, de traitement et de soins anti-VIH en 2008-2010, moins de la moitié des travailleurs du sexe et seulement un tiers des hommes ayant des rapports homosexuels et des toxicomanes par voie intraveineuse ont subi un test de séropositivité au cours des 12 derniers mois, et en connaissaient les résultats.

Le rapport d’avancement publié aujourd’hui par l’OMS, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), et intitulé Global HIV/AIDS response – Epidemic update and health sector progress towards universal access: progress report 2011, indique que les cas signalés représentent probablement moins de la moitié de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH en Europe. En effet, cette population était estimée à 1,5 million de personnes (fourchette : 1,3-1,7 million) en Europe orientale et en Asie centrale en 2010, dont 160 000 personnes (fourchette : 110 000-200 000) ayant acquis l’infection au cours de l’année. Alors que l’épidémie de VIH semble se stabiliser et diminuer dans d’autres régions (notamment en Afrique subsaharienne, dans les Caraïbes ainsi qu’en Asie du Sud et du Sud-Est), elle continue cependant de croître à un taux accéléré et alarmant en Europe.

Le nombre estimé de personnes décédant de causes liées au sida en Europe orientale et en Asie centrale a augmenté de plus de 11 fois entre 2001 et 2010, passant de 7 800 (fourchette : 6 000-11 000) à 90 000 (fourchette : 74 000-110 000). La mortalité liée au sida continue d’augmenter dans ces pays et ce, contrairement à la plupart des autres régions.

Accès limité au traitement

Le plus grand défi à la lutte anti-VIH en Europe réside dans l’augmentation de l’accès à un traitement efficace et salvateur, en particulier en Europe orientale et en Asie centrale, où seuls 23 % des personnes nécessitant apparemment une thérapie antirétrovirale ont été en fait soignés en 2010. Ce pourcentage est bien en deçà de la moyenne mondiale de 47 % pour les pays à revenus faible et intermédiaire. Les nouvelles données présentées dans le rapport d’avancement de 2011 mettent en évidence des inégalités flagrantes en matière d’accès au traitement, notamment chez les populations les plus touchées. Par exemple, si les toxicomanes par voie intraveineuse représentent 62 % du total cumulé de cas de VIH signalés et dont le mode de transmission est en fait connu, seuls 22 % d’entre eux reçoivent en fait une thérapie antirétrovirale.

Transmission de la mère à l’enfant

Bien que l’épidémie de VIH continue de se développer à un taux alarmant dans la Région européenne et que le traitement ne suit pas le rythme des nouvelles infections, nous avons quelques raisons d’être optimistes. Pour réduire la transmission de la mère à l’enfant, la Région européenne a pu garantir un taux de 88 % pour la couverture du traitement antirétroviral chez les femmes enceintes séropositives en 2010, soit mieux que l’objectif des Nations Unies (1) en la matière (80 %) et la moyenne mondiale pour les pays à revenus faible et intermédiaire (59 %).

Plan d’action européen

Le nouveau Plan d’action européen en matière de VIH/sida 2012-2015, adopté en septembre 2011 par les 53 pays de la Région européenne de l’OMS et présenté officiellement aujourd’hui, préconise la prise de mesures urgentes pour relever ce défi de santé publique.

« Cette augmentation spectaculaire des cas de VIH ne serait pas aussi préoccupante si nous savions que les pays renforçaient leurs interventions », explique Martin Donoghoe, chef de programme pour le VIH/sida, les maladies sexuellement transmissibles et l’hépatite virale à l’OMS/Europe. « Certaines régions d’Europe, notamment dans la partie orientale, doivent encore mettre en œuvre et intensifier leurs activités de lutte contre l’épidémie fondées sur des bases factuelles. Le Plan d’action européen constitue une excellente feuille de route pour les stratégies et les interventions au niveau national. »

Pour de plus amples informations, veuillez contacter :

Martin Donoghoe
Chef de programme pour le VIH/sida, les maladies sexuellement transmissibles et l’hépatite virale
Bureau régional de l’OMS pour l’Europe
Tél. : +45 39 17 12 07
Courriel : mdo@euro.who.int

Liuba Negru
Chargée de communication
Bureau régional de l’OMS pour l’Europe
Tél. : +45 39 17 13 44
Portable : +45 20 45 92 74
Courriel : lne@euro.who.int


(1) Déclaration d’engagement sur le VIH/sida. « À crise mondiale, action mondiale ». New York, Nations Unies, 2001.