Hausse de 40 % des co-infections tuberculose/VIH en Europe au cours de ces cinq dernières années

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Situations d’urgence sanitaire et maladies transmissibles
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Communiqué de presse conjoint

Copenhague et Stockholm, 20 mars 2017

De nouvelles données publiées par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe préalablement à la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose révèlent qu’entre 2011 et 2015, les nouveaux cas de tuberculose et les décès dus à cette maladie ont diminué chaque année de 4,3 et 8,5 % respectivement dans les 53 États membres de la Région européenne de l’OMS. Cependant, les groupes vulnérables à l’infection par la tuberculose, comme les personnes vivant avec le VIH, les détenus et les migrants, ne sont pas concernés par cette tendance générale. Une augmentation de 40 % des nouveaux cas de co-infection tuberculose/VIH a été notamment rapportée au cours de la même période. Le dépistage du VIH chez tous les patients atteints de tuberculose et inversement, accompagné de services de conseil et d’un traitement rapide, pourrait changer cette tendance négative.

« La poussée de co-infections tuberculose/VIH entre 2011 et 2015, ainsi que les taux toujours élevés de tuberculose pharmacorésistante, menacent sérieusement les progrès accomplis en vue d’éliminer cette maladie, l’objectif que les dirigeants d’Europe et du monde se sont engagés à atteindre d’ici 2030 », explique le docteur Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe. « Une personne co-infectée par la tuberculose/VIH sur trois n’a pas conscience de son état, ce qui diminue considérablement ses chances de guérison. En revanche, cela favorise la propagation de maladies imposant des contraintes aux systèmes de santé et aux autorités. »

À l’instar de la tendance observée dans la Région européenne de l’OMS, le nombre de nouveaux cas de tuberculose est en recul constant depuis 2002 dans l’Union européenne et l’Espace économique européen (UE/EEE). Cependant, une diminution annuelle de 5 % ne permettra pas à l’UE/EEE d’atteindre l’objectif fixé d’élimination de la tuberculose qui, d’ailleurs, exigerait une baisse annuelle d’au moins 10 %.

M. Vytenis Andriukaitis, commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, a affirmé que : « la Commission européenne s’engage à mobiliser tous les moyens disponibles pour aider les pays de l’UE à honorer les engagements pris dans les instances internationales dans les délais prévus. La tuberculose affecte les membres les plus vulnérables de nos sociétés, et coexiste fréquemment avec d’autres maladies telles que le VIH ou l’hépatite virale ».

« La tendance générale à la baisse des cas déclarés de tuberculose est certes encourageante », explique la directrice par intérim de l’ECDC, le docteur Andrea Ammon, « mais certains groupes ne profitent pas de cette tendance, et nous devons mieux cibler nos efforts si nous voulons mettre fin à l’épidémie. Les données de l’UE/EEE révèlent que le taux de réussite du traitement antituberculeux chez les patients co-infectés est inférieur à l’objectif mondial de 85 %. Mais si nous sommes conscients des défis posés par la co-infection tuberculose/VIH, les données essentielles sur le statut sérologique pour le VIH n’étaient pas disponibles chez 2 patients tuberculeux sur 3 en 2015. Nous devons faire mieux ».

Tuberculose et VIH

La tuberculose est la principale cause de décès chez les personnes vivant avec le VIH. La combinaison mortelle tuberculose/VIH a fortement augmenté au cours de ces cinq dernières années, pour passer de 5,5 à 9 % dans la Région européenne de l’OMS. La situation est particulièrement préoccupante dans une Région où le nombre cumulatif de cas de VIH a dépassé pour la première fois les 2 millions en 2015.

Sur un nombre estimé de 27 000 nouveaux cas de co-infection tuberculose/VIH signalés en 2015 dans la Région européenne de l’OMS, seuls environ deux tiers ont été diagnostiqués et 5 800 patients ont commencé un traitement antirétroviral qui s’est avéré efficace dans environ 40 % des cas. Les personnes co-infectées par la tuberculose et le VIH sont 7 fois plus exposées au risque d’échec thérapeutique, et 3 fois plus exposées au risque de décès que les personnes atteintes uniquement de tuberculose.

Contrairement à la tendance observée dans la Région, les pays de l’UE/EEE ont constaté un déclin des cas signalés de co-infection tuberculose/VIH, d’environ 6 % en 2011 à 4,6 % en 2015. Toutefois, seuls 19 pays ont communiqué des données sur l’état de la co-infection tuberculose/VIH en 2015, et cette information essentielle n’est disponible que pour 1 patient tuberculeux sur 3 dans l’UE/EEE.

Le plan d’action régional de l’OMS contre la tuberculose 2016-2020 et la politique de collaboration dans le domaine de la lutte contre la co-infection tuberculose/VIH recommandent vivement aux États membres de la Région européenne de dispenser de manière systématique des services de dépistage et de conseil pour le VIH à tous les patients atteints de tuberculose, et inversement. Une fois le diagnostic effectué, les patients doivent recevoir immédiatement un traitement antirétroviral, et être pris en charge par des services de santé intégrés et centrés sur la personne en matière de tuberculose/VIH.

Il importe particulièrement, pour atteindre cet objectif, de disposer d’informations sur la charge de la co-infection tuberculose/VIH, notamment de données probantes sur la co-infection dans les groupes à risque plus élevé, tels que les migrants. Les données actuelles indiquent que dans l’UE/EEE, le nombre de cas de tuberculose signalés diminue à un rythme moins rapide dans les populations d’origine étrangère (4 %) que dans les populations autochtones (7 %). Les pays de l’UE/EEE sont confrontés à un important défi dans leurs efforts visant à atteindre l’objectif d’élimination de la tuberculose dans les années à venir. Il est dès lors indispensable de mener des interventions ciblées afin de permettre un dépistage précoce ainsi que l’accès universel à un traitement et à des soins gratuits pour tous, y compris les migrants.

Tuberculose multirésistante

Les nouveaux cas de tuberculose multirésistante (MR) continuent d’augmenter et, selon les estimations, 1 cas de tuberculose-MR sur 5 signalés dans le monde en 2015 est survenu dans la Région européenne. Même si le nombre de patients atteints de tuberculose-MR et ayant reçu un traitement efficace a augmenté pour la première fois en 2015, les résultats thérapeutiques n’ont été positifs que chez la moitié d’entre eux, ce qui est bien inférieur à l’objectif de 75 %.

Dans l’UE/EEE, le taux de cas signalés de tuberculose-MR n’a guère évolué au cours de ces cinq dernières années, soit 0,3 pour 100 000 habitants. Bien que le taux de succès thérapeutique de la tuberculose-MR se soit constamment amélioré pendant cette période (de 30 % en 2009 à plus de 40 %), il reste globalement peu élevé.