Comment le témoignage de Igor peut-il influencer l’élaboration des politiques de la santé mentale ?

Chaque témoignage véhicule le même message essentiel, et c’est particulièrement vrai dans le cas d’Igor, à savoir la dichotomie existant entre le riche vécu de la personne et le réductionnisme imposé par le traitement psychiatrique. Le récit d’Igor est particulièrement puissant, empreint de la tragédie et de l’expérience forte suscitées par son entourage familial, la guerre, les divisions religieuses et la discrimination et ce, à 21 ans à peine. Simplifier la vie d’Igor en un cas de maladie ou d’invalidité mentale est d’ailleurs injuste, et il n’est pas certain qu’une intervention superficielle comme un traitement médicamenteux puisse contrer les conséquences complexes d’un tel vécu sur sa personnalité. Ce témoignage nous oblige à réfléchir sur le rôle de la psychiatrie.

Ce qui m’attriste ce sont des déclarations du genre, « malgré mon statut d’usager de services de santé mentale, je jouis des mêmes droits [...] qu’autrui ». En d’autres termes, l’égalité des droits est une condition à atteindre (même dans son propre esprit), plutôt qu’une réalité. Néanmoins, Igor nous démontre que l’on peut exiger et exercer ces droits, comme entreprendre des études supérieures et se trouver une compagne.

Une fois encore, Igor est le héro de ce récit : il finit par surmonter tous les obstacles, en relevant les défis et en appliquant ses talents avec brio. Je me demande si Igor estime que son expérience lui a conféré force et inspiration, faisant de lui la personne qu’il ne serait pas autrement, à savoir un être plus lucide et plus efficace. J’attends avec impatience de lire la suite de son histoire dans un an environ.