Réunion de l’organe directeur de l’OMS pour l'Europe à Vilnius

La participation de tous les secteurs à la résolution des problèmes de santé publique est l'un des thèmes dominants de la session

Copenhague et Vilnius, 10 septembre 2015

La 65e session annuelle du Comité régional de l'OMS pour l'Europe, l'organe directeur de l'OMS pour l'Europe, se tiendra du 14 au 17 septembre 2015 à Vilnius (Lituanie). Plus de 260 délégués, dont des ministres de la Santé et d'autres décideurs, assisteront à cette réunion en qualité de représentants des 53 États membres de la Région. Le Comité régional devrait approuver une nouvelle stratégie sur l'activité physique, une feuille de route sur la lutte antitabac et un plan d'action contre la tuberculose. Les délégués établiront des priorités pour le renforcement des systèmes de santé et consacreront une journée à réfléchir aux moyens d'établir des contacts et de collaborer avec d'autres secteurs afin de réduire le nombre de décès et les cas de maladie dans leur pays. Son Altesse Royale la Princesse héritière de Danemark, le directeur général de l'OMS, la présidente de la République de Lituanie et le commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire font partie des orateurs dont la présence est confirmée. Quinze ministres de la Santé de pays européens participeront à cette réunion.

La collaboration intersectorielle occupe le devant de la scène

Le mardi 15 septembre 2015, au cours d'une série de tables rondes ministérielles, le Comité régional évoquera la participation et la collaboration d'acteurs concernés issus de secteurs divers, dont l'agriculture, l'éducation, les transports et l'environnement. « La collaboration avec d'autres secteurs devrait occuper le devant de la scène lors de la réunion de Vilnius, » déclare la directrice régionale de l'OMS, le docteur Zsuzsanna Jakab. « Dans le passé, » précise-telle, « nous ne disposions pas de suffisamment de bases factuelles pour demander à d'autres secteurs ce qu'ils pourraient faire pour la santé, et ce que la santé pourrait faire pour eux. Mais ce n'est plus le cas. Santé 2020, la politique-cadre de la Région européenne de l'OMS pour la santé, confère la légitimité politique et scientifique nécessaire pour placer la santé en meilleure place à l'ordre du jour de tous les niveaux de pouvoir. Aucun des défis de notre époque en matière de santé, tels que les inégalités, les maladies chroniques, les urgences de santé publique et l'absence d'éducation sanitaire, ne peut être efficacement relevé sans faire intervenir une multitude de secteurs et de partenaires. Le développement sous toutes ses formes – social, économique, environnemental, etc. – est intimement lié à la santé et exige des mesures pangouvernementales et pansociétales. En fin de compte, nous sommes jugés non pas sur ce que nous disons, mais bien sur ce que nous faisons pour la santé et le bien-être de notre population ».

Une stratégie innovatrice sur l'activité physique

Le manque d'activité physique contribue à faire augmenter rapidement la charge des maladies non transmissibles (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers du sein et du côlon, etc.) dans la Région européenne. C'est aussi l'une des forces motrices de l'épidémie d'obésité. Selon les estimations de l'OMS, dans 46 pays de la Région, plus de 50 % des adultes sont en surpoids ou obèses ; dans certains pays, ce taux frôle les 70 %.

Lors de la session du Comité régional, les pays envisageront d'approuver une ambitieuse stratégie décennale reprenant des mesures très efficaces pour encourager l'activité physique dans tous les pays de la Région européenne, et ce pour un coût extrêmement abordable. Cette stratégie est basée sur une démarche multisectorielle allant au-delà du secteur de la santé et s'appuyant sur les cibles mondiales fixées dans le Plan d'action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles 2013-2020 de l'Organisation, à savoir notamment :

• une réduction relative de 10 % de la prévalence de l'activité physique insuffisante pour 2025 ;
• une réduction relative de 25 % du risque de mortalité prématurée imputable aux maladies cardiovasculaires, au cancer, au diabète ou aux affections respiratoires chroniques ;
• une réduction relative de 25 % de la prévalence de l'hypertension artérielle ou une limitation de la prévalence de l'hypertension artérielle ;
• l'endiguement du diabète et de l'obésité.

Dire adieu pour toujours au tabac

Le Comité régional évoquera également une nouvelle Feuille de route reprenant les mesures en vue d'une meilleure mise en œuvre de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac dans la Région européenne 2015-2025. Selon les estimations de l'OMS, plus de 1,6 million de personnes meurent chaque année de maladies liées au tabac dans la Région européenne. À l'échelle mondiale, c'est cette Région qui enregistre la proportion la plus élevée (16 %) de décès imputables à la consommation de tabac, ainsi que la prévalence la plus élevée de tabagisme chez les adultes (28 %). Cette feuille de route envisage ce problème de manière globale et formule des options stratégiques à l'intention des ministères de la Santé, pour qu'ils suscitent la participation d'autres secteurs à une lutte efficace contre le tabagisme. La cible de la feuille de route est de parvenir, pour 2025, à une réduction relative de la prévalence actuelle du tabagisme chez au moins 30 % des jeunes âgés de 15 ans ou plus. La vision à long terme est celle d'une Région exempte de la morbidité, de la mortalité et de l'assuétude liées au tabagisme.

Priorités pour le renforcement des systèmes de santé

Inspiré par la politique-cadre de la Région européenne, Santé 2020, le Comité régional devrait adopter des priorités stratégiques pour 2015-2020 dans le domaine du renforcement des systèmes de santé. Ce document, qui devrait être approuvé à Vilnius, demande que les systèmes de santé soient davantage centrés sur la personne « afin d'accélérer l'amélioration de la santé, de réduire les inégalités de santé, de garantir la protection financière et d'assurer une utilisation efficace des ressources sociétales ». S'il est adopté, il encouragera une intervention dans deux domaines prioritaires pertinents pour le programme de développement pour l'après-2015 :

• la transformation des services de santé en vue de relever les défis sanitaires du XXIe siècle ;
• le passage à la couverture sanitaire universelle pour une Europe exempte de paiements directs appauvrissant les patients.

Nouveau plan d'action contre la tuberculose

Le Bureau régional a élaboré un nouveau plan d'action contre la tuberculose en Région européenne, qui fixe un objectif et des cibles régionaux pour le traitement et l'endiguement de la tuberculose et de la tuberculose pharmacorésistante de 2016 à 2020. Ces cinq dernières années, beaucoup de progrès ont été réalisés dans la lutte contre la tuberculose en Région européenne de l'OMS. Plus de 1 million de patients ont été guéris, quelque 200 000 cas de tuberculose multirésistante ont été évités et plus de 2,6 millions de vies ont été sauvées. Le nombre de cas de tuberculose a chuté de quelque 6 % en moyenne chaque année. Pourtant, ce n'est pas suffisant pour que l'on parvienne à éliminer la tuberculose d'ici à 2050. À l'heure actuelle, 1 000 personnes attrapent encore la tuberculose chaque jour ; moins de 50 % des cas de tuberculose multirésistante sont traités avec succès ; et plus d'un quart de la charge mondiale de la tuberculose affecte des pays européens, surtout dans la partie orientale de la Région.

L'objectif du plan d'action est de « mettre un terme à l'épidémie de tuberculose et de faire en sorte que plus aucune famille touchée ne supporte de coûts catastrophiques liés à cette maladie ». Les cibles à atteindre pour 2020 sont les suivantes :

• une réduction de 35 % du nombre de décès par tuberculose ;
• une réduction de 25 % du taux d'incidence de la tuberculose ;
• un taux de réussite de 75 % pour le traitement des patients atteints de tuberculose pharmacorésistante.

Ainsi, il sera possible de guérir quelque 1,4 million de patients atteints de tuberculose en Europe, dont 130 000 patients atteints de tuberculose multirésistante et ultrarésistante ; d'éviter 1,7 million de nouveaux cas ; de sauver plus de 3 millions de vies et d'économiser plus de 48 milliards d'USD.
Migration et santé

Au cours d'une séance d'information spéciale, le Comité régional se penchera sur les problématiques de santé liées à l'afflux de réfugiés et de migrants dans les pays de la Région européenne de l'OMS. Les délégués discuteront notamment des mesures requises pour le renforcement des capacités des systèmes de santé en vue d'aider les personnes déplacées. À ce jour, quelque 350 000 réfugiés et migrants ont atteint les pays d'Europe en 2015, venant s'ajouter à près de 2 millions de personnes ayant trouvé refuge en Turquie.

Autres points à l'ordre du jour

Le Comité régional examinera un certain nombre d'autres dossiers, dont les suivants :

• les partenariats pour la santé dans la Région européenne ;
• la réforme de l'OMS : état d'avancement et incidences pour la Région ;
• la présentation du Rapport sur la santé en Europe 2015 ;
• les progrès enregistrés dans la Région concernant la mise en œuvre du Règlement sanitaire international (2005) ; la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement ; la tuberculose multirésistante et ultrarésistante ; les stratégies visant à modifier les comportements et la santé ; la direction et la gouvernance des systèmes de santé ; et l'avenir du processus européen Environnement et santé.

Une série de séances d'information techniques seront organisés à l'intention des délégués, afin d'examiner les thèmes suivants :

• la santé de la femme ;
• les personnels de santé ;
• l'élaboration de politiques inspirées de bases factuelles.

Pendant les déjeuners ministériels, organisés lundi et mardi, les ministres discuteront des sujets suivants :

• la migration et la santé ;
• l'expérience lituanienne de mise en œuvre de la politique-cadre Santé 2020.

Le site Web du Bureau régional de l'OMS pour l'Europe (http://www.euro.who.int/fr/rc65) propose des informations détaillées sur la 65e session du Comité régional, dont le programme provisoire et les documents mentionnés ci-dessus.