L’OMS et l’ECDC appellent à un meilleur dépistage du VIH en Europe
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Stephanie Brickman
Bureau régional de l’OMS pour l’Europe
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Communique de presse
Copenhague et Stockholm, 26 novembre 2020
Dans toute la Région européenne de l’OMS, le nombre de personnes vivant avec une infection à VIH non diagnostiquée est en hausse. Selon les statistiques publiées aujourd’hui par l’ECDC et l’OMS/Europe, plus de 136 000 personnes ont reçu un diagnostic de séropositivité en 2019. Quelque 20 % de ces diagnostics ont été posés dans l’Union européenne (UE) ou l’Espace économique européen (EEE), contre 80 % dans la partie orientale de la Région européenne de l’OMS.
Un diagnostic sur deux (53 %) est prononcé à un stade avancé de l’infection, lorsque le système immunitaire commence déjà à défaillir. Ceci montre que les stratégies de dépistage de la Région ne sont pas efficaces pour diagnostiquer le VIH dans ses premiers stades.
Le nombre des personnes chez lesquelles a été diagnostiqué un sida – étape finale d’une infection à VIH non traitée – a diminué de plus de moitié ces dix dernières années, et la cible des Objectifs de développement durable visant à mettre fin à l’épidémie de sida pour 2030 peut être atteinte. Mais dans l’UE/EEE, par exemple, 74 % des 2 772 diagnostics de sida posés en 2019 ont été prononcés très peu de temps après le diagnostic de séropositivité initial – dans les 3 mois suivant ce dernier. C’est révélateur d’un important problème de diagnostic tardif des infections à VIH. Ce diagnostic tardif favorise la transmission du VIH, car il n’est pas rare que des personnes vivent des années sans savoir qu’elles sont séropositives et sans se faire soigner.
Même si, dans la Région, la tendance est à une stabilisation ces dernières années, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a augmenté de 19 % depuis 2010. En revanche, la proportion de nouveaux diagnostics dans les pays de l’UE/EEE a diminué de 9 % au cours de la même période.
Le nombre de diagnostics de VIH nouvellement notifiés et le nombre estimé de nouvelles infections par le VIH dans l’ensemble de la Région montrent que le nombre de personnes infectées par le VIH ces dix dernières années est supérieur au nombre de diagnostics de séropositivité. C’est le signe d’une augmentation du nombre de personnes dont la séropositivité n’a pas été diagnostiquée. Dans l’UE/EEE, on a observé la tendance contraire : une diminution du nombre de personnes vivant avec un VIH non diagnostiqué.
« Je me souviens du temps où un diagnostic de VIH sonnait comme un arrêt de mort », déclare Le docteur Hans Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe. « Aujourd’hui, avec un traitement adéquat, les personnes séropositives peuvent vivre sans la crainte du sida. Ces statistiques datent de 2019, et en 2020, la question doit être de savoir quel aura été l’effet de la pandémie sur le dépistage jusqu’à la fin de 2021. Pour l’heure, notre message doit être de préserver les avancées de ces dix dernières années en continuant à accorder la priorité au dépistage du VIH et en procurant un traitement des personnes qui en ont besoin. Nous ne pouvons autoriser la pandémie à nous ravir la perspective d’un avenir sans sida, qui est à notre portée. »
« Malgré l’accent mis sur la COVID-19 à l’heure actuelle, nous ne devons pas perdre de vue les autres problématiques de santé publique comme le VIH », souligne le docteur Andrea Ammon, directrice de l’ECDC. « Il est urgent de donner la priorité à un diagnostic plus rapide du VIH. Nous ne pouvons atteindre la cible des Objectifs de développement durable s’il faut en moyenne trois ans après l’infection par le virus pour que les gens apprennent qu’ils sont séropositifs – trois ans pendant lesquels ils n’ont pas accès à un traitement salvateur et peuvent transmettre le VIH sans le savoir. Si nous voulons réduire la part élevée des cas diagnostiqués tardivement, il est capital de diversifier nos stratégies de dépistage du VIH comme le recommande l’ECDC. »
Un diagnostic rapide allonge l’espérance de vie et diminue les risques de transmission
Les statistiques de 2019 relatives à la surveillance du VIH/sida révèlent que le pourcentage des personnes recevant un diagnostic tardif augmente avec l’âge. Sur l’ensemble de la Région, 67 % (UE/EEE : 65 %) des diagnostics de séropositivité chez des personnes âgées de 50 ans ou plus ont été posés à un stade tardif de l’infection. En 2019, 1 nouveau diagnostic sur 5 concernait une personne de plus de 50 ans.
Les raisons de ce phénomène ne sont pas encore tout à fait comprises. Il se peut que les adultes plus âgés, ou les agents de santé qui s’occupent d’eux, sous-estiment le risque d’infection. Les personnes plus âgées sont peut-être plus affectées par la stigmatisation associée à cette maladie et plus embarrassées de demander un dépistage.
L’OMS/Europe et l’ECDC insistent sur le fait que pour réduire le nombre des futures infections à VIH, l’Europe doit se concentrer sur trois points :
- donner la priorité à une série de mesures de prévention telles que la sensibilisation, la promotion de pratiques sexuelles plus sûres et de l’emploi du préservatif, l’organisation de programmes d’échange de seringues et d’une thérapie de substitution aux opiacés, et la prophylaxie avant l’exposition au VIH (également appelée PrEP) ;
- assurer des services efficaces de conseils et de dépistage du VIH, dont des services de diagnostic rapide, de dépistage du VIH au sein de la communauté locale et d’autodépistage ;
- veiller à ce que les personnes ayant reçu un diagnostic bénéficient d’un accès rapide à un traitement et à des soins de qualité.
Il est important de diagnostiquer aux premiers stades, car cela permet à la personne d’entamer plus tôt le traitement du VIH, ce qui augmente ses chances de vivre longtemps et en bonne santé, et évite une poursuite de la transmission.
Des conseils pour améliorer le dépistage en Europe
Dans leurs lignes directrices, l’OMS/Europe et l’ECDC recommandent tous deux que les services de dépistage du VIH englobent l’autodépistage et les services de proximité assurés par des prestataires non professionnels à l’aide de tests rapides.